Voici la lettre dans laquelle le FBI suggère à Martin Luther King de se suicider
Dans un courrier haineux, le FBI menace de divulguer sa vie privée, notamment ses infidélités.
"Tu es fini. Il n'y a plus qu'une issue pour toi. Tu ferais bien de la prendre, avant que ta personnalité obscène, anormale, frauduleuse, soit dévoilée à la nation." C'est sur ces mots que s'achève la lettre haineuse envoyée par le FBI à Martin Luther King, en 1964, quelques mois après le plus célèbre de ses discours, "I have a dream".
"Tu es un diable, une bête anormale"
Cette invitation au suicide anonyme, rendue publique dans son intégralité par une historienne, dans le New York Times (en anglais) et repérée par Slate.fr, jeudi 13 novembre, dénonçait le pasteur comme "un diable, une bête anormale", "un boulet", "un complet imposteur" et menaçait de révéler ses infidélités.
The letter the #FBI sent to Martin Luther King Jr in 1964 http://t.co/KnAw4QGm4x #MLK pic.twitter.com/S3OWyvttsl
— Jules Boykoff (@JulesBoykoff) November 12, 2014
Les termes employés dans le courrier étaient censés faire croire qu'il avait été envoyé par un mouvement des droits civiques hostile au révérend, faisant notamment référence à "nous, les Noirs". A l'époque, Martin Luther King ne s'y trompe pas : il est persuadé que le FBI est à l'origine de la missive, tapée à la machine à écrire, explique le New York Times. Des suspicions confirmées une dizaine d'années plus tard par le Sénat américain.
Pire que "Satan"
L'existence de la missive n'est donc pas une nouveauté, mais seule une version censurée, expurgée de la majeure partie de son contenu, avait été diffusée jusqu'alors. Ce n'est que cet été que Beverly Gage, professeure d'histoire américaine à l'université de Yale, en a retrouvé une version intégrale, conservée aux Archives nationales des Etats-Unis, à l'occasion de recherches pour un livre sur J. Edgar Hoover. Patron du FBI à l'époque, ce dernier était persuadé que Martin Luther King était influencé par les communistes.
Original letter from the FBI demanding MLK kill himself was released today by the NYT. Old one was heavily redacted. pic.twitter.com/Lqz81Dxc9j
— Anu Dhillon (@adhillonz) November 13, 2014
"Clairement, tu ne crois en aucun principe moral", peut-on lire dans la missive, qui accuse Martin Luther King et ses proches de se comporter de façon si dépravée que même "Satan" ne pourrait pas faire pire : "Tu ne peux pas croire en Dieu et agir comme tu le fais. (…) Tes diplômes 'honorifiques', ton prix Nobel (quelle sinistre farce) et tes autres récompenses ne te sauveront pas, prévient également l'auteur. King, je te le répète, tu es fini."
"Tes orgies sexuelles ont été enregistrées"
Selon le New York Times, la lettre avait été écrite par un adjoint de Hoover, William Sullivan, et envoyée accompagnée d'un enregistrement audio prouvant que le pasteur avait une liaison extraconjugale. "Ecoute-toi, dégoûtant, animal anormal, enjoint-il à Martin Luther King. Tu as été enregistré, tous tes actes d'adultère, tes orgies sexuelles, depuis longtemps. Ce n'est ici qu'un petit échantillon." Le courrier s'achève en laissant "34 jours" au pasteur avant que ses agissements ne soient révélés au monde. "Tu sais ce qu'il te reste à faire", conclut l'auteur.
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