Un (discret) candidat américain à Paris
Apparemment, l'après-midi va être sympa à l'Elysée : “Obama ? C'est mon copain”, se réjouit Nicolas Sarkozy dans les colonnes du Figaro. Le président Français doit recevoir le candidat démocrate en fin d'après-midi au “château”. La rencontre sera suivie d'une conférence de presse. Puis Barack Obama s'envolera pour Londres, dernière étape de sa tournée européenne.
C'est donc une visite marquée par la discrétion que le sénateur de l'Illinois effectue en France. Un contraste après son triomphal bain de foule berlinois, où il a prononcé un discours devant 200.000 victimes d'“obamania”. Il y a posé son credo sur les relations transatlantiques, plaidant pour une union entre Européens et Américains pour “abattre les murs” entre alliés, entre pays riches et pauvres, chrétiens musulmans et juifs. Et il a appelé l'Europe à poursuivre son engagement en Afghanistan.
Si la visite parisienne de Barack Obama s'annonce moins tonitruante, l'“obamania” des Français n'a rien à envier à celle de nos voisins Outre-Rhin. Selon un sondage publié le mois dernier par le quotidien britannique Daily Telegraph, 52% des Européens voteraient Obama s'ils en avaient la possibilité, proportion qui atteint 65% en France. Le président lui-même est touché. Les deux hommes se sont rencontrés à Washington avant l'élection de Nicolas Sarkozy. Et en janvier, le sénateur de l'Illinois a tressé une couronne de lauriers rose bonbon au président Français, le décrivant comme un “homme énergique, avec beaucoup de talent”. La politesse lui a été rendue et Nicolas Sarkozy répète à qui veut l'entendre que “Contrairement à [ses] conseillers de la cellule diplomatique”, “je n'ai jamais cru dans les chances d'Hillary Clinton. J'ai toujours cru qu'Obama serait désigné”.
_ Nicolas Sarkozy a tout de même reçu le candidat républicain, John Mac Cain, le 21 mars dernier, lui aussi devenu un admirateur, à défaut d'être un “copain”, car le locataire de l'Elysée serait le Français “le plus pro-américain depuis Lafayette”.
Mais la France sent encore le soufre aux Etats-Unis, et l'étape est délicate pour les deux candidats. A la fois incontournable comme vieille alliée indispensable dans les opérations actuelles en Afghanistan, et encore marquée par son refus de s'engager dans la guerre contre l'Irak en 2003. Sans compter son côté épouvantail pour une certaine frange de l'électorat américain. La France reste le contre-exemple de la doxa sociale et économique américaine. L'ex-candidat Mitt Romney n'hésitait d'ailleurs pas à l'agiter contre Hillary Clinton en déclarant que voter pour elle ce serait “avoir la France aux Etats-Unis”, en référence à son programme social. D'où sans doute le service minimum assuré aujourd'hui par Barack Obama.
Grégoire Lecalot, avec agences
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