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Vladimir Poutine "agit un peu comme un judoka en utilisant la force de son adversaire" analyse Pascal Boniface

Suite aux sanctions prononcées par Barack Obama à l'encontre de la Russie, le directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface, a donné vendredi sur franceinfo son analyse des relations entre les États-Unis et la Russie.

Article rédigé par franceinfo
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Selon la CIA, le FBI et la NSA, Vladimir Poutine a diligenté la cyberattaque visant à pirater le Parti démocrate américain. (NATALIA KOLESNIKOVA / POOL)

En raison des soupçons d'ingérence de Moscou dans l'élection présidentielle américaine, Barack Obama a annoncé jeudi plusieurs sanctions à l'encontre de la Russie. En réponse, Vladimir Poutine a affirmé qu'aucun diplomate américain ne serait expulsé de Russie.

Le dirigeant russe "agit un peu comme un judoka en utilisant la force de son adversaire" selon Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), invité vendredi 30 décembre sur franceinfo.

franceinfo : Comment expliquez-vous la réaction de Vladimir Poutine ?

Pascal Boniface :  En utilisant la force de son adversaire, il agit un peu comme un judoka. Au lieu de répondre de la même manière, il a plutôt voulu faire preuve de magnanimité et d'ouverture. Il sait que Barack Obama n'est plus au pouvoir que pendant quelques jours et qu'à partir du 20 janvier une nouvelle étape dans les relations entre Washington et Moscou va commencer. Donald Trump, lui, veut passer une alliance avec la Russie.

Pensez-vous que Barack Obama a décidé de régler ses comptes avant de partir ?

Il y a une volonté de Barack Obama de laisser une trace. On l'a vu avec le vote de la résolution à Onu sur le conflit israélo-palestinien. De même avec la Russie. Les relations entre Moscou et Washington se sont dégradées tout au long du mandat d'Obama. Il voulait appuyer sur le bouton 'reset'(recommencer) des relations entre la Russie et les États-Unis, mais il n'y est pas parvenu pour de multiples raisons et les Russes ont leur part de responsabilité.Obama veut laisser un témoignage, montrer sa fermeté, pour gêner Donald Trump lorsque celui-ci prendra sa place.

Est-ce que le président américain savonne la planche de son successeur ?

Il ne savonne pas grand-chose dans la mesure où il sera très facile d'accueillir d'autres diplomates que les 35 expulsés russes. On est plutôt dans le symbolique. Barack Obama veut laisser comme message, 'je n'ai pas céder aux manœuvres russes, j'ai fait preuve de fermeté et ce n'est pas de mon fait si par la suite Donald Trump a pris une autre politique'.

Est-il juste de parler du retour d'une forme de guerre froide ?

Il y a de très fortes tensions entre Moscou et Washington mais ce n'est pas la guerre froide parce que la Russie n'est pas l'Union soviétique et elle ne le sera jamais plus. D'ailleurs, elle n'est pas à la tête d'un bloc qui fait jeu égal avec le camp occidental. Il y a une disproportion dans le rapport de forces entre la Russie et les États-Unis qui change complètement la donne. Poutine donne le sentiment qu'il agit comme il veut, qu'il est libre de ses mouvements mais la réalité du rapport de force n'est pas à l'avantage de la Russie. Elle est à l'avantage des États-Unis.

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