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Présidentielle américaine : le 8 novembre, Hillary Clinton veut tout gagner (ou presque)

Créditée d'une confortable avance dans les sondages, la candidate démocrate investit désormais du temps et de l'argent dans des Etats traditionnellement acquis aux républicains. De quoi bouleverser la carte électorale des Etats-Unis ?

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, lors d'un meeting à Pittsburgh (Etats-Unis), le 22 octobre 2016. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Hillary Clinton se sent-elle pousser des ailes ? Confortablement installée en tête dans les sondages, la candidate démocrate à la Maison Blanche a près de neuf chances sur 10 de succéder à Barack Obama, à en croire les analyses statistiques des principaux médias américains, comme le New York Times et Fivethirtyeight (en anglais).

Mais cette campagne ne ressemble à aucune autre : face à elle, le milliardaire Donald Trump a bien du mal à rattraper son retard, empêtré dans des polémiques à répétition et rattrapé par de multiples accusations d'agressions sexuelles. De quoi permettre aux démocrates de rêver à une victoire écrasante ? Confortée par ce statut de favorite de l'élection, en tête dans les principaux Etats-clés du scrutin, Hillary Clinton se met désormais à faire campagne dans des bastions républicains. Voici le détail de cette nouvelle stratégie.

Trois nouvelles cibles pour sa campagne

Les trois Etats traditionnellement républicains ciblés par la campagne Clinton. (FRANCETVINFO)

L'Utah n'a pas voté pour un président démocrate depuis 1964 et Lyndon B. Johnson, mais cette campagne ne ressemble décidément à aucune autre. Les mormons, d'habitude conservateurs, ne goûtent guère aux frasques de Donald Trump, ainsi qu'à ses positions sur l'immigration et les musulmans. Dans les sondages, le républicain est désormais concurrencé par Hillary Clinton, mais aussi par un rival indépendant (et mormon), Evan McMullin.

En Géorgie, les républicains sont arrivés en tête de sept des 10 dernières élections présidentielles, mais la donne démographique évolue dans cet Etat, avec une forte population afro-américaine, acquise en grande partie au Parti démocrate. Les blancs ne devraient y représenter cette année que 61% de l'électorat, ce qui n'arrange pas les affaires de Donald Trump.

L'Arizona est la dernière conquête possible, la plus probable en l'état actuel. Pourtant, depuis 1952, aucun démocrate n'y est arrivé en tête lors de l'élection présidentielle, à l'exception de Bill Clinton en 1992. Mais Hillary Clinton est au coude-à-coude dans les sondages avec Donald Trump, en bisbille avec le sénateur John McCain, l'une des figures républicaines de l'Etat. Et la population latino, plus démocrate, y devient de plus en plus importante au sein de l'électorat.

Des investissements importants

La candidate démocrate renforce ses équipes et ses investissements dans les Etats concernés. En plus des volontaires déjà en campagne, le bureau de l'Utah doit par exemple accueillir cinq employés rémunérés, rapporte Buzzfeed (en anglais). "Nous allons investir pour parler aux électeurs et remporter l'Etat", explique au site un responsable de la campagne d'Hillary Clinton.

Pour cela, la candidate peut compter sur son trésor de guerre : plus d'un milliard de dollars amassé par sa campagne et des collectifs alliés, selon un décompte réalisé fin septembre, et relayé par la Washington Post (en anglais). Avec ce confortable matelas, Hillary Clinton peut financer des actions dans les Etats concernés : des publicités et des tracts supplémentaires, pour un montant de deux millions de dollars, devaient ainsi toucher l'Arizona, précise le journal.

Symbole de l'intérêt porté à cet Etat, Hillary Clinton y a envoyé ses meilleurs soutiens. En quelques jours, la campagne y a déployé son ancien rival, le sénateur Bernie Sanders, sa fille Chelsea et, surtout, l'arme-fatale des démocrates : la "Première dame", Michelle Obama, toujours ultra-populaire.

Gagner du terrain au Congrès... et en 2020 ? 

Le but n'est pas forcément de l'emporter au final. Le site Fivethirtyeight (en anglais), spécialisé dans l'analyse statistique, compile les derniers sondages, Etat par Etat, pour calculer la probabilité de victoire de chaque candidat. Résultat : il ne donne respectivement que 9% et 29% de chances à Hillary Clinton de l'emporter dans l'Utah et en Géorgie. Un succès est davantage envisageable dans l'Arizona, où la probabilité atteint 55% pour la candidate démocrate. Mais même en cas de défaite, l'idée est aussi de préparer le terrain pour la suite. "L'Arizona, j'en suis presque certain, sera un Etat-clé en 2020, dès le début de la campagne", prédit Robby Mook, un responsable de la campagne Clinton.

Dès aujourd'hui, s'impliquer dans ces Etats a pour avantage de mettre Donald Trump sur la défensive, note le Washington Post (en anglais). Habituellement, les républicains n'ont pas besoin d'investir des ressources dans ces Etats acquis à leur cause. A présent, le milliardaire doit se battre pour les conserver, tout en tentant de convaincre dans les Etats traditionnellement indécis, comme la Floride, essentiels pour l'emporter. Les investissements d'Hillary Clinton, au-delà de sa seule candidature, peuvent également profiter aux autres démocrates en lice le 8 novembre : ce jour-là, les Américains n'élisent pas seulement leur président, mais aussi leurs représentants au Congrès et certains de leurs sénateurs.

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