: En images Comment Hillary Clinton est passée de la femme bafouée à l'indomptable combattante
La candidate démocrate à la présidentielle américaine a célébré, cette nuit, sa victoire dans la course à l'investiture de son parti. Le combat peut désormais commencer entre elle et Donald Trump.
Elle devient la première femme de l'histoire américaine à être investie par l'un des deux grands partis en vue de l'élection présidentielle. Après avoir remporté les dernières primaires démocrates, mardi 7 juin, Hillary Clinton est assurée d'obtenir l'investiture de son parti pour la course à la Maison Blanche, huit ans jour pour jour après son échec face à Barack Obama. Dans une ambiance électrique à Brooklyn, l'ancienne secrétaire d'Etat et première dame a salué "une étape importante", non seulement pour les femmes, mais aussi pour le pays. Et surtout : pour elle. Hillary Clinton revient de loin. Francetv info vous raconte comment son image a évolué.
"La femme de…"
Avant de devenir First Lady officielle du pays, Hillary Clinton a longtemps été simple première dame de l'Arkansas. Son mari, Bill Clinton, a cumulé deux mandats au poste de gouverneur de cet Etat. Mais l'épouse du gouverneur fait parler d'elle. L'avocate semble déjà très impliquée dans la politique locale. Un péché pour l'Arkansas Times ? En 1989, le journal local fait en tout cas poser Hillary Clinton avec une pomme rouge dans la main. Tout un symbole…
En 1992, Bill Clinton accède à la Maison Blanche. Là encore, hors de question pour Hillary de rester dans l'ombre de son mari. Dans le magazine People, elle fait même le bilan des "100 jours", expression consacrée pour évoquer l'état de grâce d'un président tout juste élu. Elle y parle famille, certes, mais montre aussi aux Américains qu'elle est bien décidée à imprimer sa marque. Elle y évoque notamment la refonte du système de santé, son mari l'ayant nommée au sein de son groupe de conseillers sur la question.
La "coprésidente" de l'ombre
Rapidement, Hillary Clinton est accusée de se mêler des affaires politiques du pays. Elle fait aussi la une des journaux pour des scandales, comme celui du Whitewater. Un an après l'élection, le couple Clinton est accusé de s'être enrichi en achetant des terrains dans l'Arkansas. Le rôle de la première dame pose question, comme l'explique le très sérieux Time Magazine : les Clinton auraient obtenu des informations via le cabinet d'avocats d'Hillary. En 1996, celle-ci est d'ailleurs obligée de témoigner devant un jury d'accusation.
Tout au long du premier mandat de Bill Clinton, ses adversaires républicains dénoncent l'attitude de sa femme, qui tranche avec ce que l'on attend habituellement d'une première dame. En janvier 1996, le magazine Newsweek pose la question très franchement : Hillary Clinton est-elle "une sainte ou une pécheresse ?"
L'épouse humiliée
Hillary Clinton se fait plus discrète lors du second mandat de son mari, réélu en 1996. Ainsi, Time célèbre les 50 ans de la première dame avec une couverture qui illustre bien le retour à une certaine "normalité". Entre-temps, elle a préféré se retirer des dossiers trop politiques pour renouer avec son engagement féministe.
Mais c'est compter sans l'affaire Monica Lewinsky, qui éclate en 1998 et remet le couple présidentiel sur le devant de la scène. Menacé de destitution, Bill Clinton fait la une des journaux et magazines du monde entier. De son côté, Hillary Clinton, trompée et humiliée, n'est plus qu'une des nombreuses "femmes de Clinton" et les magazines à sensation en font leurs choux gras, comme le peu délicat People.
La "combattante"
L'affaire Lewinsky a au moins le mérite de faire décoller la popularité de la première dame. Forte de 67% d'opinions positives, la First Lady s'engage en politique et devient sénatrice de l'Etat de New York en 2000. Puis, en 2008, elle se lance dans la campagne démocrate, face à Barack Obama. Au revoir la Hillary bafouée : bienvenue à la "combattante" Clinton !
Défaite par Barack Obama, Hillary Clinton parvient tout de même à s'imposer dans l'administration : elle accède au prestigieux poste de secrétaire d'Etat, l'équivalent du ministre des Affaires étrangères, et devient alors le "bad cop" du président. L'ex-femme bafouée tient sa revanche et elle ne rigole plus, montre cette couverture conquérante de Newsweek.
La première femme présidente ?
Comme dans le passé, le retour en politique de l'ex-première dame s'accompagne de nouveaux scandales, lesquels perturbent sa campagne pour la présidentielle de 2016. Le camp républicain a ainsi critiqué sa gestion de l'attentat de Benghazi (Libye), en 2012. Accusée de négligence, Hillary Clinton a dû s'expliquer devant une commission d'enquête, en 2015. Là encore, le monstre politique ne plaisante plus. Au contraire : elle ferait même peur à Bill, raille le New York Post, habitué des unes chocs.
Mal aimée, Hillary Clinton est souvent présentée comme une femme autoritaire et privilégiée. L'affaire de ses e-mails nourrit cette image de femme d'Etat experte dans les manœuvres politiques. Lorsqu'elle confie avoir effacé près de 30 000 messages, le New York Post réinterprète l'expression "leader du monde libre" en "effaçeuse du monde libre" pour fustiger son attitude.
Si ces affaires empoisonnent la campagne de la candidate démocrate, elles n'ont pour le moment pas empêché Hillary Clinton de cumuler les victoires, même si son rival Bernie Sanders lui a donné du fil à retordre. Au contraire. Mardi, la candidate démocrate "est entrée dans l'histoire", titrent bon nombre de journaux après sa victoire lors du dernier "Super Tuesday" des primaires. Tout sourire, Hillary Clinton vient d'entrer pour de bon dans la campagne. Et le New York Daily News a clairement choisi son camp.
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