Etats-Unis : trois questions sur la fuite de messages qui a poussé la présidente du parti démocrate à démissionner
Les démocrates se réunissent à partir de lundi pour adouber Hillary Clinton comme candidate à l'élection présidentielle. Mais la révélation de messages de responsables du parti critiquant Bernie Sanders a bouleversé l'organisation.
Debbie Wasserman Schultz se retire. La présidente du parti démocrate a présenté sa démission, dimanche 24 juillet, alors que s'ouvre à Philadelphie la convention qui doit permettre à Hillary Clinton d'être officiellement désignée comme la candidate démocrate à l'élection présidentielle américaine.
Cette élue de Floride était contestée depuis des mois par Bernie Sanders et ses partisans, qui l'accusaient de partialité et réclamaient sa tête au nom du rassemblement.
A l'origine de ce coup de théâtre, la publication par le site Wikileaks de près de 20 000 messages échangés au sein du parti démocrate. Certains semblent indiquer que les hauts responsables du parti avaient pris fait et cause pour Hillary Clinton, et surtout contre son ancien rival Bernie Sanders. Francetv info vous en dit plus.
C'est quoi ces e-mails qui ont fuité ?
Ces messages internes ont été échangés de janvier 2015 à mai 2016. Ils ont été piratés des comptes de sept responsables du parti démocrate, dont son directeur de la communication et son directeur financier.
Or, la diffusion de ces messages intervient alors que, depuis le début du processus des primaires, Bernie Sanders s'était plaint de la partialité du parti en faveur de sa rivale, Hillary Clinton, notamment dans l'organisation des débats télévisés.
Aucun complot contre Bernie Sanders n'y est révélé, mais le ton employé dans certains messages montre le mépris ou la méfiance de ces responsables envers le sénateur indépendant du Vermont. Par exemple, dans un e-mail, la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, traite un proche de Bernie Sanders de "maudit menteur".
Dans un autre message, diffusé vendredi soir par le site The Intercept (en anglais), le directeur financier du parti démocrate, Brad Marshall, indique à d'autres responsables du parti qu'il faudrait interroger le rival d'Hillary Clinton sur ses croyances, savoir s'il croit en Dieu. "Il a surfé sur le fait qu'il avait un héritage juif. Je pense avoir lu qu'il était athée. Cela pourrait faire la différence", peut-on lire. La personne désignée dans ce message n'est pas nommée, mais Bernie Sanders est le seul candidat juif d'un parti américain, indique The Intercept. Toutefois Brad Marshall se défend en affirmant qu'il parlait d'un "suppléant".
D'où proviennent ces fuites ?
Des groupes liés aux autorités russes ont été pointés du doigt. Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, s'est dit "troublé" que des "experts estiment que les Russes diffusent ces courriels dans le but d'aider Donald Trump". Il sous-entend ainsi que Moscou essaie d'influencer les élections américaines.
Une référence à la déclaration de Donald Trump sur l'Otan, la semaine dernière, lorsque le candidat républicain a assuré que s'il était élu, les Etats-Unis n'interviendraient pas automatiquement pour protéger les Etats baltes en cas d'agression. Donald Trump a aussi complimenté Vladimir Poutine, en déclarant qu'il était un meilleur dirigeant que Barack Obama. Mais l'équipe du candidat républicain rejette toute connexion entre lui et cette fuite de messages.
Dondal Trump, dont la propre convention d'investiture la semaine dernière fut marquée par les incidents et les polémiques, a ironisé toute la journée de dimanche à propos du scandale démocrate sur Twitter. "Si la convention républicaine avait explosé avec des courriels, avec la démission du chef et les critiques d'un poids lourd (Bernie), les médias seraient déchaînés", a-t-il lancé.
If the Republican Convention had blown up with e-mails, resignation of boss and the beat down of a big player. (Bernie), media would go wild
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 juillet 2016
Quelles sont les conséquences ?
La polémique pourrait continuer dans les prochains jours. Elle risque d'assombrir l'investiture d'Hillary Clinton, qui prononcera son grand discours le dernier soir de la convention, jeudi.
Mais surtout, cela ne va pas s'arrêter là. La présidente par intérim du parti démocrate, Donna Brazile, a prévenu que des milliers d'autres messages seraient vraisemblablement publiés prochainement, car les hackers ont récupéré l'ensemble des messages du parti. "Il y a beaucoup de choses qui vont nous forcer à présenter des excuses", a-t-elle admis dimanche.
En attendant, dans les rues de Philadelphie, des centaines de partisans de Bernie Sanders ont défilé, furieux de ces révélations de Wikileaks. "Cela prouve ce qu'on soupçonnait depuis le départ : ces primaires ont été truquées contre Bernie", estime notamment une déléguée de Californie pro-Sanders.
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