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Retour possible de la torture aux USA : une pratique "inefficace" et "contre-productive", selon une ONG pour l'abolition

Jean-Étienne de Linares, délégué-général de l'Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, a réagi, jeudi sur franceinfo, aux propos de Donald Trump, la veille, sur un possible retour de la torture aux États-Unis.

Article rédigé par franceinfo
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Manifestant d'un opposant à la torture devant la Maison blanche, le 10 janvier 2012. (Photo d'illustration) (SAUL LOEB / AFP)

Donald Trump a évoqué, mercredi 25 janvier, lors d'une émission télévisée, un possible retour de l'utilisation par les États-Unis de certaines pratiques de torture comme le waterboarding. Jean-Étienne de Linares, délégué-général de l'Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), a estimé, jeudi 26 janvier sur franceinfo, qu'avec la torture, "vous n'obtenez que des fausses informations. En gros, les gens vous disent n'importe quoi pour que cela s'arrête".

franceinfo : Ce retour de la torture aux États-Unis peut-il réellement aboutir ?

Jean-Étienne de Linares : C'est difficile à dire. Il y a heureusement encore des barrages qui existent, des barrages législatifs. Surtout, de très hauts responsables, comme le chef du Pentagone ou bien le chef de la CIA, ont tous affirmé, contrairement à ce que dit Donald Trump, que la torture était inefficace, contre-productive à défaut d'être illégale et immorale. Ce qui est grave dans les propos de Trump, c'est qu'il y a un double message . Il y a d'abord un message à l'intention de sa propre majorité. Cela persuade ses soutiens que cela fonctionne et que c'est indispensable même si c'est immoral. Il se destine également à l'intention de certains agents de la CIA, qui eux ont entendu cinq sur cinq le message : 'Allez-y les petits gars, on vous couvre'.

Donald Trump évoque notamment le retour de la pratique dite de la simulation de noyade ou waterboarding qui permettrait de rester dans la légalité. Qu'en pensez-vous ?

C'est n'importe quoi. Le waterboarding, on ferait mieux de l'appeler le supplice de la baignoire. Concrètement, c'est quelqu'un allongé sur le dos, sur une planche et on lui verse de l'eau sur un linge qu'on lui a appliqué sur le visage. En pratique, ça donne une douleur insupportable. Le cerveau croit que vous êtes en train de mourir. Toutes les expériences qui ont été faites montrent que c'est extrêmement difficile à supporter, et douloureux. C'est de la torture sans l'ombre d'un doute.

Cette technique n'existe plus aujourd'hui du côté américain ?

Le président Obama avait interdit cette pratique. Celle-là et d'autres. On parle de techniques d'interrogatoire renforcées. J'aime beaucoup les euphémismes pour qualifier les horreurs que représentent la torture. Heureusement, l'ère Obama avait mis une parenthèse à ce genre de pratiques. Mais on risque d'y revenir. Il n'y a pas de statistiques sur la torture mais il existe des études. Le rapport du Sénat des États-Unis a mis en avant que la torture est contre-productive. Vous n'obtenez que des fausses informations. En gros, les gens vous disent n'importe quoi pour que cela s'arrête. C'est inefficace, et contre-productif.

La torture est encore très répandue dans le monde ?

La torture est pratiquée par un pays sur deux. La Syrie, la Chine, la Russie, le Mexique, la République démocratique du Congo ou encore la Corée du Nord l'utilisent. C'est principalement pour des raisons politiques comme la répression de l'opposition. L'emploi est également fait dans le cadre d'enquêtes policières.

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