Présidentielle américaine : le mur de Donald Trump, une proposition toujours en chantier
Plus d'un an après avoir proposé de construire un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, Donald Trump s'est rendu de l'autre côté du Rio Grande. L'occasion de défendre une nouvelle fois son projet, qui semble pourtant compliqué à mettre en œuvre.
En bon homme d'affaires, Donald Trump s'est mué en VRP, mercredi 31 août. Le candidat républicain à la Maison Blanche s'est rendu au Mexique, où il a tenté de vendre l'idée phare de sa campagne : construire un mur à la frontière sud des Etats-Unis. "Une frontière sécurisée est un droit souverain et d'intérêt mutuel", plaide le magnat de l'immobilier face au président mexicain Enrique Peña Nieto.
La proposition est désormais indissociable de sa candidature. "Personne ne construit des murs mieux que moi, et je les construis à très bas coûts, fanfaronnait-il dès son entrée en lice, en juin 2015. Je construirai un super, super mur à notre frontière. Et je ferai payer le Mexique pour ce mur." Mais la construction d'un tel édifice semble bien compliquée à mettre en œuvre. Explications.
Un mur dont la hauteur et le coût sont fluctuants
"Les choses précises, ce n'est pas vraiment le truc de Donald Trump." Le commentaire est signé du Washington Post (en anglais), qui a tenté d'en savoir plus sur les caractéristiques de ce fameux mur. A commencer par sa hauteur, fluctuante selon les humeurs du magnat de l'immobilier. En août 2015, le milliardaire annonce un édifice de 9 mètres de haut. En octobre de la même année, il passe à 15 mètres. En février 2016, il atteint même les 20 mètres.
Et son coût ? Là aussi, Donald Trump a du mal à faire les comptes, comme l'a remarqué l'animateur John Oliver. En septembre 2015, le mur est censé coûter quatre milliards de dollars. En novembre, c'est plus : 6 ou 7 milliards. Début février, on passe à 8 milliards. Pour finir, à la fin du mois, à "peut-être" 12 milliards. Soit tout de même plus de 10 milliards d'euros.
Et encore, ce chiffrage est tout à fait fantaisiste, à en croire le Washington Post (en anglais). Pour un mur d'à peine 7 mètres de haut et 1 600 kilomètres de long, comptez déjà presque deux milliards de dollars, uniquement pour les matériaux. Un expert du bâtiment, sollicité par le journal, évoque la somme de 25 milliards de dollars au total. Sans compter les coûts de maintenance et de surveillance...
Un mur néfaste ?
Les immigrés clandestins ne seraient pas les seuls touchés par le mur de Donald Trump. Les citoyens américains aussi. En 2006, sous la présidence de George W. Bush, le "Secure Fence Act" prévoyait déjà l'édification de plus de 1 100 kilomètres de barrières à la frontière. Sauf qu'une partie non négligeable des terrains adjacents étaient des propriétés privées, explique le Daily Beast (en anglais). Il a donc fallu négocier, et parfois traîner en justice certains propriétaires récalcitrants. Plusieurs centaines d'entre eux ont été expropriés, rapporte le Guardian (en anglais).
La faune et la flore ne seraient pas non plus épargnées. Comme le rappelle la BBC (en anglais), la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique abrite un "écosystème délicat", avec "des populations diverses de mammifères, d'oiseaux et de plantes". Les barrières mises en place ont déjà perturbé certains animaux, comme le puma et le lynx roux, précise la chaîne. Le passé n'invite pas à l'optimisme : dans les années 1880, des dizaines de milliers d'antilopes ont péri en Californie après la construction des rails de chemin de fer.
Un mur inefficace ?
Si, malgré tous ces problèmes, Donald Trump va jusqu'au bout de ses idées, ses efforts seront-ils récompensés ? Les experts sont divisés sur l'efficacité d'un tel mur pour juguler l'immigration illégale aux Etats-Unis. Certes, les Mexicains représentent plus de la moitié des clandestins dans le pays, mais ce nombre est en diminution ces dernières années, selon les chiffres du Pew Research Center (en anglais).
Selon une étude de 2006 de cette même source (en anglais), environ la moitié des clandestins aux Etats-Unis sont entrés légalement sur le territoire : beaucoup avaient par exemple un visa, mais sont restés au-delà de sa date de validité. Construire un mur ne mettra pas fin à ces arrivées.
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