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Investiture de Donald Trump : le chemin des opposants passe sous la croix de St Stephen

A la veille de l’investiture de Donald Trump aux Etats-Unis, les opposants au président élu poursuivent leur mobilisation. A Washington, ils se rassemblent dans une église, connue pour ses engagements sociaux et politiques.

Article rédigé par Grégoire Lecalot, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A Washington, des opposants à Donald Trump se rassemblent dans une église, connue pour être à la pointe des combats sociaux et politiques des Etats-Unis. (RADIO FRANCE / GRÉGOIRE LECALOT)

Aux Etats-Unis, à la veille de l’investiture officielle de Donald Trump, vendredi 20 janvier, les opposants au président élu poursuivent leur mobilisation. A Washington, leur point de rendez-vous se situe à l'église St Stephen, connue pour être à la pointe des combats sociaux et politiques de l’Amérique.

Le collectif Disrupt J20 structure la contestation anti-Trump à l'église St Stephen (RADIO FRANCE / GREGOIRE LECALOT)

Un entraînement à la désobéissance civile

Pour rejoindre l'église de St Stephen, dans le nord-ouest de Washington, il faut emprunter une rue tranquille et résidentielle, bordée de maisons colorées. L'ambiance change en arrivant devant le grand édifice en briques rouges, où des des jeunes gens sont couchés sur le parvis, tandis que d'autres bloquent la porte de l'église. Alan, sage manteau bleu et grand sourire, tient à la main un tube en carton. Un groupe se familiarise à l’action de terrain et il tient le rôle d'un représentant des forces de l'ordre. "On s’entraîne à aller protester et pratiquer la désobéissance civile. J’étais un peu mal à l’aise dans mon rôle de policier, mais honnêtement, on s’amuse bien", dit-il. 

Dans la nef de l’église, un crucifix de bois veille sur une assemblée de chaises disposées en cercle. Si l’ambiance est bien plus calme qu'à l'extérieur, c'est à cause du lieu, mais aussi parce des visiteurs se reposent à même le sol. Certains viennent de loin, parfois 2 500 km. Sur une grande table, du pain, de la confiture et du beurre de cacahuète sont mis à disposition. Michael J. Ritonia, directeur opérationnel de la communauté de St Stephens, explique qu'il accueille des groupes, sans leur demander de "croire en l'Eglise et tous les saints". "On les aide à exercer leurs droits au premier amendement de la Constitution".

Une contestation dans la lignée des engagements passés

Depuis la seconde guerre mondiale, cette communauté anglicane n’a jamais été en retard d’un combat dans la société américaine. Et ce n’est pas Bill MacKaye, ancien journaliste du Washington Post et membre de la communauté depuis 1960 qui va s’en étonner. Il rappelle qu'après la guerre, l'église a été la première de Washington à pratiquer l’intégration raciale. "On a commencé, en 1958, à avoir des membres blancs et afro-américains dans la congrégation." 

L'église St Stephen abrite la contestation anti-Trump à Washington (RADIO FRANCE / GREGOIRE LECALOT)

Bill MacKaye explique la suite naturelle des engagements de la congrégation, contre la discrimination, en faveur des droits civiques, puis l’opposition à la guerre du Vietnam. "Ensuite, on a été impliqués dans le mouvement pour les femmes, déclare-t-il. Nous avons aussi poussé à l’ordination de femmes prêtres". Plus récemment, le centre devenu un lieu de lutte en faveur des droits des lesbiennes, gays et transgenres. 

L'Evangile selon Saint Matthieu en référence

St Stephen abrite un orgue, mais lors de cette soirée, il ne sera pas utilisé. Le collectif Disrupt J20, qui structure la contestation anti-Trump, organise un concert, au milieu d'une vente d’affiches, de T-shirts, de livres d'anarchistes et de libres-penseurs. 

A Washington, le collectif Disrupt J20, qui structure la contestation anti-Trump, organise un concert dans l'église St Stephen; (RADIO FRANCE / GREGOIRE LECALOT)

Rien ne fait peur, ici. Josh, très enthousiaste pour ce lieu "unique", est venu avec ses enfants. "Ça fait partie de la fabrique culturelle de Washington", dit-il. "C’est un foyer naturel pour toutes sortes de musique ou d’art qui véhiculent un message politique. Un endroit comme ça aura contribué à donner naissance à la scène punk rock de Washington DC."

Quand on demande au vieux Bill MacKaye, le patriarche, pourquoi St Stephens cultive cet esprit, il cite la Bible et l’Evangile selon Matthieu, verset 25. "On doit nourrir les affamés, accueillir les étrangers et prendre soin des veuves et des orphelins." Derrière son bureau qui croule sous les livres et les documents, Bill reconnaît que toutes les communautés ne font pas la même lecture de la Bible. Il n’en dira pas plus, mais son sourire s’élargit. 

Investiture de Donald Trump : le chemin des opposants passe sous la croix de St Stephen - un reportage à Washington de Grégoire Lecalot

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