Etats-Unis : que va-t-il se passer après les révélations de l'ancien patron du FBI, James Comey, sur Donald Trump ?
L'ex-premier policier des Etats-Unis s'est exprimé, le 8 juin au Sénat, à Washington. Il a expliqué avoir subi des pressions de la part du chef de l'Etat dans l'enquête sur les ingérences russes durant la campagne présidentielle.
Turbulences à prévoir ? La présidence de Donald Trump est entrée, jeudi 8 juin, dans une nouvelle période chaotique après le témoignage accablant de James Comey devant une commission du Sénat à Washington (Etats-Unis).
L'ancien directeur du FBI a raconté au Congrès américain les pressions qu'il a subies de la part du président américain dans l'enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, pendant la campagne présidentielle de 2016. Que va t-il se passer après ce témoignage ?
L'enquête parlementaire va se poursuivre
L'enquête parlementaire n'en est qu'à ses débuts. A l'issue de l'audition de l'ancien directeur du FBI devant la commission du Renseignement, suivie en direct par tous les grands médias américains, l'opposition démocrate a estimé que les soupçons d'entrave à la justice par Donald Trump étaient confortés.
Elle en veut pour preuve les réponses de l'ex-premier policier des Etats-Unis, limogé le 9 mai. "J'estime qu'il m'a limogé à cause de l'enquête russe", a lâché James Comey, qui a répondu aux questions pendant deux heures et demie. "Le but était de modifier la façon dont l'enquête sur la Russie était conduite. C'est très grave." Il a aussi reproché au président américain de lui avoir intimé d'abandonner le volet de l'enquête russe portant sur un proche, Michael Flynn.
Les 17 sénateurs assis en face de lui voulaient déterminer si les requêtes présidentielles, formulées en tête-à-tête à la Maison Blanche, représentent une entrave à la justice. Ce délit majeur a conduit au lancement par le Congrès de procédures de destitution contre Richard Nixon et Bill Clinton.
Un procureur spécial enquête toujours
Le délit d'entrave reste difficile à prouver et requiert beaucoup d'informations sur "l'intention de la personne", a expliqué à l'AFP Mark Tushnet, professeur de droit à Harvard. Les investigations parlementaires vont donc être approfondies.
Certes, a détaillé le policier, personne n'a demandé explicitement à James Comey "d'arrêter" l'enquête menée par le FBI sur les ingérences russes. Mais il a confirmé que Donald Trump avait réclamé sa "loyauté", alors même que James Comey supervisait les investigations sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne du républicain et Moscou. L'ancien directeur du FBI a aussi expliqué que le procureur spécial Robert Mueller avait désormais de nouveaux éléments en main, en particulier les notes qu'il avait prises lors de ses rencontres avec Donald Trump.
Le procureur spécial Robert Mueller peut lancer des commissions rogatoires ou exiger davantage de moyens d'enquête. Mais il doit toutefois prévenir le ministre de la Justice (ou son adjoint) des actions importantes qu'il prévoit de faire.
Le camp Trump menace de poursuites
De l'autre côté, les défenseurs du président préparent une contre-offensive. L'avocat recruté par Donald Trump pour gérer la crise, Marc Kasowitz, a démenti que son client ait jamais demandé à James Comey de mettre fin à une quelconque enquête. "Sur le fond comme sur la forme, le président n'a jamais dit à M. Comey 'J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté'", a-t-il déclaré.
Il a également évoqué d’éventuelles poursuites contre l’ex-patron du FBI, qui a révélé avoir fait fuiter à la presse ses notes sur ses rencontres avec le président. Evoquant la divulgation "non-autorisée" de ces informations, il a souligné qu'il appartenait aux "autorités compétentes" de déterminer si ces éléments devaient faire l'objet de poursuites.
Les républicains bloquent, pour l'instant, toute procédure de destitution
L'audition de James Comey a-t-elle permis de franchir une étape vers la destitution du président américain ? Il appartient au Congrès, à majorité républicaine, de mener cette procédure, s'il estime que le président s'est rendu coupable de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs". "Les républicains font pour le moment bloc autour du président, analyse Valérie Astruc, correspondante de France Télévisions outre-Atlantique. Mais si les électeurs américains devaient se détourner de Donald Trump et franchement le condamner, alors ils n'hésiteraient pas à lâcher le milliardaire."
Pour Joshua Dressler, professeur à l'université d'Etat de l'Ohio, l'audition de jeudi "ne suffit pas à rendre la destitution soudain plus probable" : "Il faut plus, des enregistrements peut-être ou quelqu'un qui accepte de témoigner moyennant immunité."
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