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Décrets Trump : la grande inquiétude des étudiants étrangers, "ça risque d'empirer"

Donald Trump fait-il peur aux étudiants ? Pour la première fois depuis le 11 septembre 2001, le nombre de candidatures d'étudiants étrangers dans les universités est en baisse, selon une étude.

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des étudiants de l'université George Washington lors de leur cérémonie d'intégration, en 2012. Image d'illustration. (JONATHAN ERNST / REUTERS)

Décrets anti-immigration pris à l’encontre de plusieurs pays à majorité musulmane, menaces de restrictions de la politique des visas, menaces aussi sur les autorisations de rester travailler aux États-Unis après les études… La politique intérieure menée par l'administration Trump semble dissuader les étudiants étrangers de venir frapper aux portes des universités américaines. Il en va pourtant du rayonnement des États-Unis, mais aussi de l’économie du pays.  

Sur le campus de l’université George Washington, où franceinfo s'est rendu, un étudiant sur six est étranger. Mais, depuis l’élection de Donald Trump, certains de ces jeunes s’inquiètent. "J’imagine que cela va être plus difficile pour moi de rester dans cette université et d’obtenir une prolongation de mon visa", explique Saadra. Elle est saoudienne. "À l’avenir, cela pourrait devenir compliqué parce que Donald Trump a dit qu’il voulait diminuer le nombre d’immigrés issus d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Donc pour nous, je pense que ça risque d’empirer", estime aussi Daniel. Lui est brésilien.

Baisse des candidatures étrangères dans près de 40% des universités 

Six organismes privés et publics d’enseignement supérieur ont interrogé anonymement 250 universités et écoles dans tout le pays. Ils leur ont demandé une première impression sur le nombre de dossiers de candidatures reçus pour le prochain semestre, à l’automne. Résultat, "39% nous ont signalé une baisse des candidatures étrangères", souligne Melanie Gottlieb, l’un des auteurs de cette étude. "Les inquiétudes viennent surtout des pays du Moyen-Orient, d’Asie, en particulier de Chine et d’Inde également", détaille-t-elle.

Pourtant, l’an dernier, les États-Unis ont attiré un million d’étudiants étrangers, c’est un record, en majorité venus de Chine, d’Inde, de Corée du Sud et d’Arabie Saoudite. Combien seront-ils l’an prochain ? On le saura vraiment le jour de la rentrée, disent les universités. Beaucoup pourraient se tourner vers d’autres pays anglophones. Selon Melanie Gottlieb, l’étude récemment réalisée, "va permettre aux universités de concentrer leurs efforts sur le recrutement de ces étudiants. Il va falloir qu’elles leur disent que malgré le discours du gouvernement elles restent accueillantes et intéressées par les étudiants étrangers". Car, chaque année, les grandes entreprises américaines et les centres de recherche recrutent dans ce vivier de diplômés de haut niveau.

Plusieurs centaines de millions de dollars de manque à gagner

Les universités ont aussi des intérêts financiers car une baisse des candidatures mettrait en péril leur modèle économique qui repose en grande partie sur ces étudiants étrangers. Étudiante à l’université de Georgetown, Alejandra, qui est Panaméenne, nous explique que "les droits d’inscription à la fac sont bien plus chers pour les étudiants étrangers que pour les Américains. Par exemple, un citoyen américain va payer pour un an 40 000 dollars alors que moi je paie 50 000 dollars", témoigne la jeune femme. D'autres paient parfois même deux ou trois fois plus qu’un Américain.

Selon le ministère du Commerce, les étudiants étrangers contribuent ainsi chaque année à l’économie américaine à hauteur de 35 milliards de dollars. En raison de l’absence des 23 000 étudiants interdits de territoire depuis le décret anti-immigration de Donald Trump, l’économie américaine voit s’envoler une manne de 700 millions de dollars par an.

La politique de Donald Trump dissuaderait les étudiants étrangers de s'inscrire dans les universités américaines - reportage Solenne Le Hen

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