Présidentielle au Chili : vers un retour de la droite ?
Pour la Concertation, la coalition de quatre partis du centre et
centre-gauche au pouvoir depuis 1990, fin de la dictature d'Augusto Pinochet, la meilleure candidate à l'élection présidentielle de dimanche aurait été... Michelle Bachelet. Malgré la crise qui a durement frappé le Chili, la présidente en exercice jouit d'une énorme popularité. Elle a même atteint des cotes d'amour de 80% au plus fort de la tourmente, en mettant en place de solides filets sociaux, qui ont préservé une partie de la population de la misère, alors que le pays a connu 12 mois de croissance négative. Il est d'ailleurs encore à -2%, mais espère renouer avec le vert l'an prochain, grâce à la remontée des cours du cuivre (45% des exportations). Mais la constitution chilienne interdit à un président de briguer deux mandats consécutifs. Donc, Michelle Bachelet n'est pas candidate.
La présidente n'a pas pu transférer son charisme au candidat adoubé par la Concertation, Eduardo Frei. A 67 ans, l'ancien président (1994-2000), a passé une bonne partie de sa campagne à tenter de corriger son image de gestionnaire ennuyeux, ou plutôt à tenter de convaincre que ce trait de personnalité n'était pas incompatible avec la fonction. “Frei 2.0”, comme le proclame son slogan de campagne navigue entre 22,6% et31 % dans les sondages, malgré son alliance avec un autre candidat, Jorge Arrate, qui a jeté l'éponge à son profit.
PREMIERE VICTOIRE DE LA DROITE DEPUIS PINOCHET ?
Un candidat balloté qui contraste avec son principal concurrent, le fringuant milliardaire Sebastian Pinera, 60 ans. Il avait été battu par Michelle Bachelet lors de la dernière élection, mais selon les sondages, il semble que ce soit vers lui que les Chiliens aient reporté leur affection (38,2 à 44,1%). Ce serait alors la première fois que la droite retrouverait le pouvoir depuis la dictature de Pinochet. Mais Pinera a su convaincre qu'il ne s'agissait pas de la même droite. Surnommé le “Berlusconi chilien” en raison de ses participations dans de nombreux secteurs (monétique, immobilier, médias, aviation, foot), il a fait campagne sur une droite “plus progressiste et pluraliste”. Il a promis de ne pas toucher au système social mis en place par les précédents gouvernement et se dit favorable à la présence d'homosexuels dans l'armée et au gouvernement, au grand dam des conservateurs. Son mot d'ordre : insuffler l'esprit d'entreprise.
Le troisième homme, l'ancien député socialiste et cinéaste Marco Enriquez-Ominami, dit “Peter Pan”, se présente comme le représentant de la génération de l'après-Pinochet. Ce positionnement et un certain bagou lui ont permis un départ-canon, mais il a souffert des critiques de ses concurrents qui lui reprochent sa dispersion. Il n'a pas dépassé les 20% d'intentions de vote.
Grégoire Lecalot, avec agences
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