Cet article date de plus de sept ans.

Pour Trump, les églises doivent avoir le droit de faire de la politique

Le président Trump persiste et signe. Il entend modifier la loi pour permettre aux églises, notamment, d'afficher des positions politiques. Il l'avait dit pendant sa campagne, il l'a redit jeudi 2 février: «Je vais me débarrasser de l'amendement Johnson.» Un texte fiscal qui empêche les églises de faire des prêches politiques. Or, les églises protestantes sont souvent proches des républicains.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Trump s'est attaqué à l'amendement Johnson lors du «National Prayer Breakfast» (petit déjeuner national de prière), une cerémonie organisée par des chrétiens, à laquelle tous les présidents ont assisté. (WIN MCNAMEE / DPA)

Aux Etats-Unis, pays où officiellement les églises et l'Etat sont séparés, une loi fiscale interdit aux organisations à but non lucratif de faire de la politique. Selon ce texte, ces organisations, qui bénéficient d'avantages fiscaux, ne peuvent pas afficher de choix politiques ou participer au financement des campagnes électorales. Elles risquent de perdre leur fiscalité avantageuse en cas de violation de cette règle. 

Ce texte a été voté en 1954, sous l’impulsion du sénateur Johnson, celui-ci sera président après la mort de Kennedy. Il ne visait pas spécialement les églises et n’avait pas été mis en cause depuis, même par les présidents républicains.

Mais des mouvements conservateurs comme l’Alliance pour la défense de la liberté demandent que ce texte soit modifié, le jugeant contraire à la Constitution. Pendant sa campagne, Donald Trump s'était prononcé pour l'abrogation de l'«amendement Johnson». Dans les faits, la levée de ce texte permettrait aux très nombreuses églises protestantes de s’engager politiquement. Et comme elles sont en général dans le camp conservateur... 

«Un mur doit séparer l’Eglise et l’Etat»
Donald Trump, qui semble appliquer ses promesses, a donc déclaré le 2 février: «Je vais me débarrasser de l'amendement Johnson, le détruire totalement et permettre à nos représentants de culte de parler librement et sans crainte des représailles. Je vais le faire, retenez bien ça.» Les représentants républicains ont d'ailleurs introduit le 1er février à la Chambre un projet de loi qui pourrait conduire à l'abrogation de l'amendement, à condition d'obtenir l'aval du Congrès.

En juin 2016, le candidat Trump, qui défendait déjà cette idée, avait affirmé: «Je pense que ce sera peut-être ma plus grande contribution au christianisme et aux autres religions.» 

Le président Trump pense essentiellement aux églises évangéliques. Il les avait remerciées après sa victoire affirmant: «Elles peuvent tant contribuer à notre politique», rappelle le Washington Post. 

Concrètement, il est vrai que la disposition fiscale empêchant les églises de prendre parti semble peu appliquée. De nombreux pasteurs ont testé les limites de la loi sans encourir de sanctions. Une enquête effectuée par le Pew Research Center auprès de 2260 Américains qui auraient assisté à au moins un service religieux durant les derniers mois, révèle pourtant que les membres du clergé ont souvent intégré l’actualité politique dans la liturgie.

Trump semble cependant s'éloigner de la vieille règle instituée par Thomas Jefferson (1743-1826): «Un mur doit séparer l’Eglise et l’Etat.»

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.