Noriega peut être extradé vers la France à compter de dimanche
L'ex-dictateur panaméen Manuel Noriega peut être extradé à compter de dimanche vers la France où il a été condamné à dix ans de prison, après avoir purgé 17 ans de réclusion aux Etats-Unis, a décidé vendredi à Miami un juge fédéral américain.
Dans sa décision, le juge William Hoeveler souligne la nécessité pour Noriega de rester dans sa prison américaine jusqu'à l'échéance de sa peine aux Etats-Unis, soit dimanche, sans pouvoir bénéficier d'une libération anticipée.
Manuel Noriega, 73 ans, a été condamné par défaut, en France, à dix ans de prison pour blanchiment d'argent. Son extradition demandée par Paris avait été acceptée fin août par la justice et le département d'Etat américains.
Les défenseurs français de Noriega "vont se bagarrer pour qu'il ne soit pas placé en détention à son arrivée en France", a indiqué vendredi à l'AFP l'un d'entre eux, Me Yves Leberquier. "Dès son arrivée en France, Manuel Noriega sera présenté devant le procureur de la République qui lui notifiera son mandat d'arrêt, puis devant le juge des libertés et de la détention, qui statuera, après débat contradictoire, sur son éventuelle incarcération", a-t-il dit. "C'est là que nous commencerons à soutenir les problèmes de prescription", a-t-il ajouté.
Les autorités françaises ont indiqué que Noriega ferait l'objet d'un nouveau procès pour blanchiment d'argent. A ce titre, il sera jugé comme un détenu de droit commun. La France le soupçonne d'avoir déposé dans les années 80, sur des comptes de banques françaises, environ 3,15 millions de dollars issus du trafic de cocaïne.
Vendredi, le gouvernement américain a affirmé continuer à soutenir l'extradition vers la France de Noriega.
"Le département d'Etat, le ministère de la Justice, le gouvernement américain soutiennent les efforts de la France en vue d'obtenir son extradition", avait indiqué un porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Tom Casey.
Les avocats de Noriega avaient saisi mercredi la justice afin d'empêcher cette extradition. Ils affirmaient que la France n'accorderait pas à l'ex-dictateur le statut de prisonnier de guerre qui lui a été reconnu aux Etats-Unis après sa capture par l'armée américaine lors de l'invasion américaine du Panama en 1990. Ce statut lui permettait de bénéficier des Conventions de Genève.
La France a réaffirmé vendredi que l'ex-dictateur panaméen "ne pourrait pas disposer du statut de prisonnier de guerre" en France.
Noriega, longtemps allié des Etats-Unis pendant la guerre froide, a travaillé pendant de nombreuses années comme informateur de la CIA avant de tomber en disgrâce à Washington pour son implication dans le trafic de stupéfiants.
Il avait été capturé par l'armée américaine lors de l'invasion du Panama ordonnée par l'ancien président américain George Bush en 1990, et condamné en 1992 à 40 ans de prison. Sa peine a ensuite été réduite à 30 ans, puis à 17 ans pour bonne conduite.
Noriega est également réclamé par le Panama, un pays qu'il a dirigé de 1984 à 1989, pour son rôle présumé dans des disparitions et des meurtres d'opposants.
En août, le vice-président panaméen Samuel Lewis avait affirmé que le Panama n'entendait pas renoncer. "Nous insistons de manière catégorique pour que Noriega soit envoyé au Panama", avait-il déclaré.
Mais pour le politologue Raul Leis, une extradition vers la France permet au Panama de se débarrasser d'un personnage encombrant qui dispose d'informations gênantes. Selon lui, "pour le gouvernement, plus il est loin, mieux c'est".
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