Mexique: plus de 3.000 assassinats en 2008
Les Mexicains ont manifesté en masse le 30 août contre la criminalité, le "narcotrafic", les enlèvements et la corruption policière, dans une "Marche blanche" suivie à travers le pays et qui a conduit 200.000 personnes dans les rues de la capitale. Des marches similaires avaient rassemblé plusieurs centaines de milliers de manifestants dans la capitale en 1997 et en 2004. Les manifestants réclamaient "la fin de l'impunité" dont les criminels bénéficient trop souvent selon eux et dénonçaient le manque d'efficacité des autorités mexicainesd.
L'opinion mexicaine a été frappée ces dernières semaines par l'enlèvement et l'assassinat du petit Fernando Marti, 14 ans, fils d'un des propriétaires de la plus grande chaîne de magasins de sports au Mexique. Son corps avait été retrouvé le 1er août, et l'enquête avait conduit à l'arrestation de policiers. Deux jours avant la "Marche", 12 corps décapités, entassés les uns sur les autres, avaient été découverts : des délinquants, identifiés par la suite.
La violence, liée essentiellement au trafic de drogue, a déjà fait plus de 3.000 morts au Mexique depuis le début de 2008, davantage que pour l'ensemble de 2007. Et en particulier dans l'Etat de Chihuahua (nord), zone de transit pour le marché des Etats-Unis. Ciudad Juarez, ville frontalière avec les Etats-Unis, est le théâtre sanglant de la guerre entre les deux grands cartels, de Juarez et de Sinaloa, qui se disputent le contrôle de ce "couloir" vers le marché américain: près de 1.000 morts depuis janvier 2008. Les enlèvements contre rançon sont aussi devenus monnaie courante au Mexique: plus de 400 depuis le début de 2008, alors qu'on en avait compté 438 pour l'ensemble de 2007.
Le président Calderon, au pouvoir depuis décembre 2006, a pourtant déployé plus de 36.000 militaires et policiers dans le pays, dont 2.500 au moins à Ciudad Juarez. Malgré l'annonce de 22.000 arrestations liées au crime organisé et la signature d'un "pacte national de sécurité", les Mexicains clament faut et fort leur ras-le-bol de la violence. Un climat qui a également des incidences sur l'économie: "Selon des estimations, l'insécurité accroît de 5% à 10% le coût de fonctionnement des entreprises", a déclaré le ministre les Finances.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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