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Loi sur les armes à feu : la plus grande «frustration» d'Obama

Dans une interview pour la BBC, le président Barack Obama a affirmé que son plus grand regret était de n'avoir pas pu légiférer sur les armes à feu. Quelques heures plus tard, un homme ouvrait le feu dans un cinéma en Louisiane.
Article rédigé par Amira Bouziri
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Barack Obama réconforte les proches des victimes de la fusillade du local des Marines à Washington, le 22 septembre 2013. (Mary Calvert / Reuters)

Les armes à feu sont inscrites dans l'ADN des Etats-Unis: le deuxième amendement de la Constitution américaine autorise ses citoyens à en porter. Alors, évidemment, un président démocrate n'a rien pu y faire. Le 23 juillet 2015, lors d'une interview pour la BBC, Barack Obama a exprimé sa frustration de n'avoir pu légiférer sur les armes à feu lors de ses deux mandats. Il a affirmé que les Etats-Unis, «le pays le plus avancé du monde», n'avait pas «assez de bon sens» concernant la législation sur les armes «malgré les fusillades répétées». Il a ensuite comparé les chiffres, tout à fait éloquents, des personnes tuées par le terrorisme et ceux par les armes sur le territoire américain. Depuis le 11 septembre 2001, moins de cent personnes sont mortes dans des attentats alors que des dizaines de milliers ont péri à cause de la violence des armes.
 

Quelques heures après son interview, triste coïncidence: une fusillade éclate dans un cinéma en Louisiane, dans le sud des Etats-Unis. Un homme ouvre le feu en pleine projection d'un film et tue deux personnes, en blesse neuf autres, avant de mettre fin à ses jours. L'homme avait acheté son arme légalement, selon l'AFP. C'était un pistolet semi-automatique «acheté chez un prêteur sur gage dans l'Alabama en février 2014».
 
Un combat perdu d'avance
Une étude de la police fédérale, rendue publique le 24 septembre 2014, dénombre 160 fusillades entre 2000 et 2013 et montre une importante augmentation. S'il y en a eu en moyenne 6,4 par an entre 2000 et 2006, le chiffre est monté à 16,4 par an entre 2006 et 2013! A chaque fusillade, le débat est de nouveau sur la table et Barack Obama monte au créneau pour demander le contrôle sur les armes à feu. La tuerie de Newtown est la plus emblématique, c'est après ce drame que le président américain a concrètement parlé d'un projet de loi à présenter au Sénat.
 
Le 14 décembre 2012, Adam Lanza, 20 ans, tue sa mère puis 25 autres personnes, dont 20 enfants, avant de se donner la mort. Cette tragédie a choqué le monde entier. Le président américain a donc voulu concrétiser un souhait de campagne et interdire la vente d'armes d'assaut, soit le même type de fusil semi-automatique qu'avait utilisé le meurtrier. Sauf que les élus démocrates ont décidé d'abandonner le projet au Sénat, ne disposant pas de «soutien nécessaire pour faire adopter le texte». En septembre 2013, après la mort de 13 personnes dans un local de la marine à Washington dans une fusillade, Barack Obama a de nouveau déploré des chiffres impressionnants concernant le nombre de morts tués par balles. Il a néanmoins reconnu sa difficulté de faire modifier la législation au Congrès.

Brett Throckmorton, de l'entreprise de commerce d'armes Barnes Bullets, montre à un enfant comment regarder dans le viseur d'une arme automatique lors d'un rassemblement des sympathisants de la NRA à Nashville, dans le Tennessee, le 11 avril 2015. (Harrison McClary / Reuters)

Des pro-armes redoutables
Si Barack Obama ne s'est contenté que de discours, c'est parce qu'il a en face de lui des lobbies pro-armes très puissants. La plus connue, la National Rifle Association (NRA), avait tout fait pour que le projet de loi avancé par les sénateurs démocrates en 2013 n'aboutisse pas. La NRA possède quatre millions d'adhérents et une forte influence sur les élections présidentielles. Si Barack Obama s'est peu attardé sur le sujet du contrôle des armes à feu lors de ses campagnes, c'est pour ne pas perdre une partie de ses électeurs. Les pro-armes se trouvent majoritairement dans le sud des Etats-Unis. Au Texas par exemple, où la tradition des armes à feu est très marquée, la législation s'est récemment encore plus assouplie dans cet Etat très conservateur. A partir du mois d'août 2016, les étudiants et les professeurs seront autorisés à porter leurs revolvers sur les campus.
 
Si les armes ne sont pas près de disparaître aux Etats-Unis, dans son interview à la BBC, Barack Obama affirme qu'il ne baissera pas les bras: «Pour nous, de n'avoir pu apporter une solution à ce problème, c'est pénible. Mais cela ne veut pas dire que je compte abandonner ce sujet lors des 18 mois restants de mon mandat.» Le président américain, détenteur d'un prix Nobel de la paix, a réussi à tenir la majorité des promesses prononcées lors de ses campagnes. S'il réussit à modifier la législation sur le port des armes, même légèrement, avant la fin de son mandat, il aura fait un sans-faute.

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