Lever de rideau sur le Obama Show
Si l'Amérique entière s'accorde à dire que Barack Obama, 47 ans, a mené jusqu'à présent une campagne impressionnante, à l'issue d'un parcours de météorite qui l'aura propulsé au sommet en tout juste quatre ans, les sondages sont loin d'être aussi catégoriques pour prédire qui, d'Obama ou de McCain s'assiera dans le Bureau ovale à la Maison Blanche : le candidat républicain, à égalité avec Obama dans plusieurs Etats-clés, a rattrapé ces dernières semaines son retard dans les sondages.
Les organisateurs de la Convention démocrate ont donc planifié ces quatre jours de grand-messe pour "vendre" Obama aux millions d'Américains qui suivront Denver 2008 en "prime-time", au-delà des 50.000 invités et des 15.000 journalistes accrédités. Pour la plupart des responsables du parti, les Américains connaissent encore mal Barack Obama, premier noir à arriver à l'orée du pouvoir suprême, le réduisant à son parcours atypique et son nom exotique. En outre, son bilan de sénateur est plutôt modeste, ce dont ses détracteurs se servent pour le dire inexpérimenté, élitiste et inconsistant, servi uniquement par son charisme et ses talents d'orateur. La Convention servira donc à lui fabriquer une carrure de chef d'Etat, solide et proche des préoccupations des Américains, doté du bon sens nécessaire pour trouver des solutions réalistes.
Un véritable spectacle réglé plan par plan
Pour la journaliste Lisa Bornstein, rédactrice au quotidien local Rocky Mountain News, l'événement à tout d'un spectacle de Broadway : "Il y a un scénario, un décor, un éclairage, tout est conçu pour faire passer un message aux spectateurs, considérés non comme des électeurs, mais comme un public." Et le spectacle sera bien présent à Denver, avec ses têtes d'affiches, toutes unies autour du candidat Obama : le discours de son colisiter Joe Biden, les adresses du vétéran Ted Kennedy (qui se relève d'une opération d'une tumeur au cerveau), de la concurrente malheureuse Hillary Clinton et de son mari, l'ancien président Bill Clinton, vont tenir le public en haleine.
Le planning est précis, calibré, millimétré : lundi sera consacré à dépeindre Obama et son parcours comme une incarnation du rêve américain. Priorité à la famille, avec les interventions de son épouse Michelle Obama et de sa demi-soeur indonésienne Maya Soetoro-Ng.
Mardi sera le jour d'Hillary, mais aussi d'autres "fortes femmes" qui viendront prouver que oui, les femmes roulent pour Obama. Mercredi, John McCain aura les oreilles qui sifflent: les vétérans du parti viendront le décrire comme un "has-been" déconnecté des réalités. Avec, en voiture-balai, le tout nouveau candidat à la vice-présidence Joseph Biden, connu pour avoir la dent plutôt dure. Enfin jeudi, le clou du spectacle : le discours d'acceptation d'Obama. Pour l'occasion, et parce qu'une Convention, c'est un peu le "SuperBowl" de la politique, la Convention quittera le Pepsi Center pour l'immense stade (75.000 places) de l'équipe de football américain local, les Broncos.
Si la pression est forte sur les démocrates pour cette Convention lourde d'enjeux, elle l'est surtout sur Barack Obama. D'ici le premier débat présidentiel, prévu le 26 septembre, Denver sera la meilleure occasion pour lui de convaincre les électeurs indécis que le "changement" qu'il promet rendra leur vie meilleure. Et de convaincre ses troupes qu'il est capable de rendre coup pour coup, et ne vacillera pas sous ceux des républicains.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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