Les élections américaines vues... par les minorités noire et hispanophone
Depuis ce jour historique du 4 novembre 2008, le rêve Obama s’est un peu évanoui. Beaucoup d’Afro-Américains imaginaient que le nouveau président allait tout régler d’un coup de baguette magique. Pendant ces années de crise, les Noirs américains, surtout ceux de la classe moyenne, ont été frappés plus durement que les autres. Le taux de chômage atteint pratiquement 14% parmi eux, pratiquement le double de la moyenne nationale.
Alors, le mécontentement a gagné une partie de cette minorité
La meilleure preuve ? Souvenez-vous de cette mère de 40 ans, Velma Hart, qui osa dire au président lors d’une émission de grande écoute : «J’en ai assez de vous soutenir.»
Mitt Romney, son adversaire, essaye, lui, d’en profiter. Ce n’est évidemment pas son électorat, mais exceptionnellement pour un républicain, il s’est rendu en juillet 2012 à la convention annuelle des Noirs américains. Initiative courageuse, mais sa tentative de séduction s’est terminée sous les huées lorsqu’il annonça qu’il annulerait la réforme de la santé d’Obama.
Qu’importe. Si le républicain réussi à attirer quelques-unes des voix afro-américaines, il peut, c’est certain, mettre le président sortant en difficulté.
Dans ce bras de fer, toutes les voix comptent. Certes, Obama peut se prévaloir du soutien massif de l’électorat noir. Mais il doit compter avec une autre minorité qui prend de plus en plus d’importance : les hispanophones. En 2008, le président sortant l’avait nettement emporté sur ce terrain contre John McCain, en remportant 67% du vote latino.
Aujourd’hui, les sondages lui prédisent une marge confortable cette fois encore, en le créditant de 60% des voix contre 28% à Mitt Romney. Mais leur soutien paraît bien plus aléatoire que chez les Afro-Américains et même avec cette avance, la partie est loin d’être gagnée. De l’autre côté, les républicains, qui ont bien compris l’atout hispanique, ont sorti de leur chapeau plusieurs personnalités pour tenter d’inverser ce rapport de force. Le plus en vue, le jeune sénateur de Floride Marco Rubio, à prononcé le discours d’introduction de Mitt Romney à la convention de Tampa fin août. Une première dans l’histoire républicaine.
Les clandestins, une question sensible
Plus que du marketing politique, l’enjeu pour Romney et Obama, c’est la question épineuse des clandestins, très nombreux. Le Dream Act, qui prévoit d’accorder un statut de résident permanent pour ceux qui ont vécu aux Etats-Unis avant l’âge de 16 ans, reste le coup de poker électoral d’Obama. Cette loi, soutenue par près de 90% des Latinos, est un argument de poids auprès de ces électeurs. Un avantage contrebalancé, malgré tout, par la politique très sévère du président en matière d'expulsion.
Entre ces deux feux, un électeur pousse même jusqu'à dire : «Notre choix se résume soit à voter pour Mitt Romney, qui dit qu'il veut tous nous expulser, soit pour Obama, qui expulse déjà tout le monde.»
Mitt Romney, lui, marche sur des œufs. Pas sûr, malgré l’opposition de son parti, qu’il annule le décret d'Obama s'il est élu. Une bonne partie des républicains admettent qu'il est dangereux de se mettre à dos le segment de la population qui croît le plus rapidement et qui sera majoritaire dans vingt ans. Barack Obama, lui, croise les doigts : ces deux minorités sont décidées, si l’on en croit les sondages, à aller moins voter qu’en 2008.
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