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Le mariage gay divise toujours l'Amérique

Le mariage homosexuel est autorisé dans six Etats américains sur cinquante - Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, Vermont, New York, plus la capitale Washington. Ce sujet de société est à l’origine de clivages entre les camps démocrate et républicain.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
San Francisco, le 7 février 2012: des opposants au projet de loi de la Californie contre le mariage gay. (JUSTIN SULLIVAN/Getty Images/AFP  )

Le débat a été lancé le 9 mai 2012. Barack Obama affirmait sur ABC soutenir les unions de même sexe, deux jours après le début de sa campagne, alors qu’il y était encore défavorable en 2008. Il plébiscitait alors les «partenariats civils».

S’il est le premier président américain à prendre parti personnellement sur cette question, la législation n’a pas changé aux Etats-Unis, le mariage homosexuel dépendant des gouvernements des Etats. Barack Obama n’a encore rien promis à ce sujet.

Opposition ferme des républicains
Encore candidat à l’investiture républicaine à la présidentielle, le mormon Mitt Romney, s'y était opposé dans la foulée, expliquant que «le droit de faire bénéficier le partenaire de certaines aides, ou le droit aux visites à l'hôpital, ainsi que d'autres choses dans ce genre, sont appropriées, mais pas le reste».

Depuis, les républicains ont adopté le 28 août 2012 à Tampa, en Floride, un programme de gouvernement très conservateur, prévoyant l’interdiction des mariages gays. Et dont le volet social réaffirme son soutien à la définition du mariage comme «l'union d'un homme et d'une femme». Tout en défendant «le droit des Etats et du gouvernement fédéral à ne pas reconnaître les unions entre personnes de même sexe accordées dans d'autres juridictions».

 

 
  (AlLEX WONG/Getty Images/AFP     )
 

Lorsqu'il était gouverneur de l’Etat du Massachusetts, un Etat traditionnellement démocrate, Mitt Romney avait dû accepter le droit au mariage homosexuel pour les résidents de son Etat. Taxé de modéré, il doit depuis en rendre compte aux plus conservateurs des républicains.

Avant son investiture, les candidats avaient passé un accord, selon lequel si l’un d’eux était élu, il essaierait d’amender la Constitution pour empêcher ce type d’unions.

Les positions conservatrices des ultras du camp conservateur (notamment dans les Etats du sud ruraux et conservateurs comme l’Iowa, l'Alabama, la Caroline du Sud ou le Mississipi qui ont donné le ton du début de la campagne républicaine) les placent en porte-à-faux avec l’opinion publique américaine plutôt favorable au mariage gay.

Une évolution de société à prendre en compte
En effet, selon une étude Gallup, 50% des Américains étaient favorables en mai 2012 au mariage homosexuel contre 43% en 2008.

Le positionnement d’Obama sur ce terrain séduit un électorat favorable à une évolution de société, plutôt jeune et féminin. Il devrait aussi toucher une partie des électeurs indépendants, entendre centristes, pouvant faire basculer le scrutin à son avantage, sachant que 57% d’entre eux sont favorables à ce droit.

Du côté des Afro-Américains et des Hispaniques, plutôt conservateurs sur les questions de mœurs, les votes lui resteraient majoritairement acquis, notamment en raison des avis tranchés des républicains peu favorables à l’immigration.

Le décalage entre les deux partis sur la question du mariage entre personnes de même sexe pourrait faire basculer certains Etats pivots (appelés les Swing States, comme le Colorado, la Floride, le Nevada, la Virginie et le Wisconsin) dans le camp démocrate.
 

L'exemple du Colorado

AFPTV, le 23 mai 2012

En mai 2012, un sondage New York Times/CBS News montrait toutefois que pour 67% des Américains, Barack Obama s'était déclaré en faveur du mariage gay par calcul politique plutôt que par conviction. Quant à 16% des sondés, ils indiquaient qu'ils seraient plus disposés à voter pour lui après sa déclaration contre 26% qui indiquaient le contraire.

Seuls 7% des sondés estimaient alors que la question du mariage gay était la plus importante pour eux. Parmi eux, les militants de LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) réunis le 27 janvier 2012 à Baltimore, à l’est des Etats-Unis. Ces derniers y avaient réaffirmé leur volonté à se battre pour avoir «les mêmes protections sociales» que les autres.

Evoquant les élections et les déclarations contre le mariage homosexuel des républicains, Rea Carey, la responsable du mouvement, avait indiqué que «l'Histoire les dépassera, c'est à leur propre risque que des membres du parti républicain auront été (…) en réalité anti-gay et anti-LGBT».

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