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La retraite des présidents américains

La Constitution des Etats-Unis stipule qu’un président ne peut faire plus de deux mandats. Que devient un locataire de la Maison Blanche, une fois échu son bail de quatre ou huit ans ? Quelques éléments de réponses avec les anciens dirigeants encore en vie : Jimmy Carter (1977-1981), George H. Bush (1989-1993), Bill Clinton (1993-2001), George W. Bush (2001-2009).
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
De gauche à droite: G H. Bush, B. Obama, G. W. Bush, B. Clinton, J. Carter à la Maison blanche le 7 janvier 2009 (AFP - Getty Images - Mark Wilson)

En vertu du Former Presidents Act promulgué en 1958, chaque ancien président reçoit à vie une pension annuelle de 199.700 dollars (montant en 2011). Lui-même, son épouse (sa veuve le cas échéant) et ses enfants mineurs ont la possibilité de se faire soigner dans des hôpitaux militaires. Dans le même temps, l’ex-dirigeant a droit à des frais de secrétariat. S’il est entré en fonction avant 1997, il est protégé à vie par les services secrets. Ceux entrés à la Maison blanche après 1997 bénéficient d’une telle protection «au maximum pendant 10 ans». Dernier détail : tous bénéficient «traditionnellement de funérailles d’Etat avec les honneurs militaires».

Aujourd’hui, l’activité d’un ex-dirigeant se partage entre la rédaction de ses mémoires, des activités caritatives, des voyages en tant qu’envoyé spécial de son pays. Ou la tenue de lucratives conférences. Certains ex-dirigeants, notamment Jimmy Carter, Bill Clinton et George W. Bush, constituent aussi parfois une «bibliothèque présidentielle», voire un musée.

Pour autant, il n’y a pas de retraite type. Et chacun mène une activité correspondant à son caractère propre.

Jimmy Carter (au centre) arrivant en Corée du Nord le 15 juin 1994. A droite, sa femme Rosalynn. (AFP - CHOO YOUN-KONG)
 
Carter, meilleur ex-président que président
C’est notamment le cas du démocrate Jimmy Carter, 88 ans, qui aura eu la plus longue post-présidence de l’histoire américaine. Lui-même n’hésitait pas à expliquer en 2005 : «Je ne peux pas nier que je suis un meilleur ex-président que je n’ai été président». S’il a permis la signature des accords de Camp David entre Israël et l’Egypte (1979), il eut à gérer deux crises majeures : l’invasion soviétique de l’Afghanistan et l’affaire des otages américains en Iran (1979). Une gestion qui lui vaut jusqu'à aujourd’hui une réputation de faiblesse. Et même les démocrates, embarrassés par ses prises de position pro-palestiniennes, hésitent toujours à prononcer son nom…

Par la suite, Carter n’en a pas moins continué à avoir un rôle très actif au niveau international. Il s’est ainsi rendu en Corée du Nord en 1994, où il a contribué à apaiser les tensions avec les Etats-Unis. Il a également œuvré à Haïti au début des années 90 pour une solution négociée lors du retour du président Aristide. Il a créé une fondation, le Carter Center, consacrée à la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Laquelle envoie des observateurs lors des élections dans des pays où la démocratie est fragile comme en Egypte. Son action a valu à l’ancien président de recevoir en 2002 le prix Nobel de la paix pour ses «efforts pour résoudre les conflits internationaux par des solutions pacifistes».

Bill Clinton apportant son appui à Barack Obama


ABCNews, 6-9-2012

Clinton, un business man avisé
Autre ex-dirigeant démocrate à avoir conservé une activité internationale : Bill Clinton. Il a ainsi séjourné en 2009 en Corée du Nord où il a obtenu la libération de deux journalistes américains. Lui aussi a créé sa fondation, la Clinton Global Initiative. Laquelle est engagée dans 2300 actions qui «ont amélioré la vie de plus de 400 millions de personnes dans plus de 180 pays». Des actions pour aider à un meilleur accès à l'eau, aux soins médicaux et à la formation professionnelle.

Mais Bill Clinton ne s'est jamais complètement éloigné de la politique intérieure. Il a mené activement campagne pour Barack Obama, comme il avait été un fervent soutien de sa femme Hillary lors des primaires de 2008. L’ancien président a également le sens des affaires : en 2010, il a ainsi touché 10,7 millions de dollars pour 52 interventions. Soit une moyenne de 154.000 euros par prise de parole. En 2004, il avait reçu une avance de 10 millions de dollars pour la rédaction de ses mémoires. Un livre de 950 pages, sobrement intitulé «Ma vie», jugé «mal ficelé, complaisant, ennuyeux à mourir» par le New York Times. Qui s’est pourtant vendu à 400.000 exemplaires le jour de sa sortie…

George W. Bush lors d'une compétition de golf à Medinah (Illinois) le 29 septembre 2011. (AFP - Getty Images - Jamie Squire )
 
Profil bas chez les Bush
Le républicain George W. Bush, qui a terminé sa présidence dans le tréfonds des sondages notamment en raison de l’invasion de l’Irak, est resté plus discret. Au début de sa retraite, il a mené une vie tranquille et sportive (il joue au golf) au Texas. Tout en écrivant, lui aussi, ses mémoires, intitulées «Instants décisifs» et sorties en novembre 2010. Un ouvrage jugé «plat» par nombre de commentateurs qui lui reprochent son manque d’autocritique après deux mandats au bilan plus que contesté.

L’ancien dirigeant a également mené une action caritative : en 2010, il a ainsi contribué à lever des fonds en lien avec Bill Clinton pour venir en aide à Haïti, touché par un gigantesque séisme. Il a fondé le George W. Bush Presidential Center, chargé notamment de promouvoir des «idées (…) et des actions pour un monde plus libre et meilleur». Parmi ces actions: des programmes d'aide à des élèves, des conférences sur l'énergie et l'économie...

Il s’est également essayé à la tenue de conférences, notamment sur l’énergie (Bush est un ancien de l'industrie pétrolière). En avril 2011, il a annulé un voyage à Genève où il devait notamment assurer la promotion de ses mémoires. Ce faisant, il a voulu éviter des poursuites liées à des interrogatoires, assimilés à de la torture, de présumés terroristes après les attentats du 11 septembre 2001, ont affirmé des organisations des droits de l’homme.

Son père, George H. Bush, qui s’est retiré à Houston (Texas), a lui aussi peu fait parler de lui après son départ de la Maison blanche en 1993. Il avait été battu par Bill Clinton pour, selon certains observateurs, s’être davantage occupé de la première guerre du Golfe (1990-1991) que des affaires domestiques. Atteint d’une forme de maladie de Parkinson, il a renoncé à assister à la convention du Parti républicain, pour la première fois depuis 1976. En 2012, il a apporté son soutien à Mitt Romney, «l’homme qu’il nous faut (…) pour (…) gagner la présidentielle».

Une rencontre entre anciens présidents à la Maison blanche

CNN, janvier 2009

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