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La NSA, le big brother américain, is watching you depuis 1952

La NSA, National Sécurity Agency, a été officiellement créée en 1952 sous la présidence Truman. Moins connue que la CIA, cette agence de renseignement américaine spécialisée dans le traitement des communications électromagnétiques apparaît à la une de l’actualité à l’occasion de scandales liés à des écoutes plus ou moins licites, comme Echelon à la fin des années 90 ou Prism aujourd'hui.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Le logo de la NSA (DR)
Histoire d'une agence discrète
Créée pendant la Guerre froide, la NSA est une organisation secrète dont le budget n'est pas public. Sa mission initiale était d'écouter, intercepter et décrypter les communications à l'étranger, qui ne disposent pas des protections légales accordées aux Américains. Mais depuis les menaces d'al-Qaïda et grâce au développement des nouvelles technologies, elle s'est de plus en plus tournée vers les communications domestiques, à l'intérieur des Etats-Unis.

Dès la Seconde guerre mondiale, les Américains avaient développé, avec succès, d’importants moyens d’écoutes et de décryptages des communications des forces ennemies, allemandes et japonaises. La NSA, née discrètement pendant la Guerre froide en 1952 et la guerre de Corée, est l’héritière de ce savoir-faire. Elle ne fut vraiment officiellement reconnue qu’en 1957.

Guerre froide, crise des missiles, guerre du Vietnam, la NSA fut de toutes les crises internationales. Arrive le 11-Septembre 2011: «Ce jour là, la NSA, l’Amérique et le monde ne furent plus jamais pareil », peut-on lire sur le site de la NSA. Dans son historique, l’agence affirme aussi avoir joué un «rôle clef» dans l’assassinat de Ben Laden.

La NSA emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes et disposerait d’un budget qui se chiffre en milliards de dollars.

Le siège de la NSA à Fort Meade, Maryland (HO / NSA / AFP)

Les missions de la NSA
La NSA a pour missions de conseiller le gouvernement américain en matière de cryptologie, de renseignements sur les communications, d’opérations sur les réseaux informatiques dans le but de d’«obtenir un avantage pour le pays et nos alliés dans toutes les circonstances».

L’ordre 12333 de décembre 1981 précise que l’agence doit «collecter (y compris par des moyens clandestins), traiter, analyser, produire et diffuser des renseignements sur les transmissions et les données pour le renseignement étranger et à des fins de contre-espionnage pour appuyer les missions nationales».

«Défendre notre nation, sécuriser le futur», c’est ainsi que la NSA définit son rôle.

L’affaire Echelon
La première grande affaire qui a fait largement parler de cette discrète agence qui se fond dans la galaxie du renseignement américain a été le dossier Echelon dans les années 90. Echelon avait mis en lumière la capacité des Américains à écouter, avec l’aide de certains alliés, les communications de toute nature.

Ce système avait été décidé dans le cadre de la Guerre froide. Etats-Unis et pays alliés avaient développé des écoutes à long rayon d’action destinées au départ à surveiller les communications de l’URSS et de ses alliés du pacte de Varsovie (alliance militaire des pays de l’ex bloc soviétique).

«L'un des maillons essentiels de la stratégie de containment (endiguement) des Etats-Unis à l'égard du pacte de Varsovie a consisté à créer un pacte de sécurité destiné à intercepter les communications politiques et militaires du bloc soviétique. Héritier d'un système américano-britannique en vigueur pendant la Seconde guerre mondiale, ce pacte secret, signé au départ en 1947 par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, d'où son nom UKUSA, a été élargi à trois pays, d'abord le Canada qui aurait conclu un accord bilatéral avec les Etats-Unis (CANUSA Agreement), la Nouvelle-Zélande et l'Australie», résumait un rapport de l’Assemblée nationale française.

Le scandale des années 90 est né du fait que le système a perduré après la disparition du pacte de Varsovie. Résultat: les députés français se sont interrogés sur la finalité de la persistance de ces écoutes: «Alors que la disparition du Pacte de Varsovie et l'effondrement du bloc soviétique auraient pu amener le système global d'interceptions des communications à disparaître, il semble qu'avant même la fin des années 80, Echelon ait été orienté à d'autres fins, y compris le renseignement économique, voire utilisé avec des objectifs politiques entre Alliés», s’interrogeaient les députés français en 2000.


La légalité des écoutes de la NSA
Aujourd’hui, la NSA est donc touchée par une nouvelle affaire, après les révélations d’un système généralisé de surveillance des communications téléphoniques et d’internet. En pleine tempête, l’agence se défend en affirmant que des dizaines d'actes  «terroristes» avaient été arrêtés grâce aux deux programmes de surveillance révélés par Edward Snowden, un ex-consultant informatique de la NSA, aujourd'hui réfugié à Hong Kong. De son côté, le directeur du FBI a affirmé que si ce système de surveillance, lancé par la NSA en 2006, avait été mis en place cela aurait pu empêcher le 11-Septembre...
 
Mis en cause pour livrer les informations de leurs utilisateurs, les sites internet ont d'une même voix démenti donner un «accès direct» et  complet aux espions américains, mais noté qu'ils obéissaient aux demandes de coopération validées par la justice.
 
La base légale avancée pour justifier par les écoutes se niche dans l'article 702 de la loi dite «FISA Amendment Act» de 2008, que le Sénat a réautorisé jusqu'en 2017 par un vote à une très large majorité (73 voix contre 23) le 28 décembre.

Cette loi avait été votée pour remplacer et donner un cadre légal au  programme d'écoutes secrètes et sans mandat de justice créé par le président  George W.Bush après les attentats du 11-Septembre 2001. Révélées par le New York Times en 2005, ces écoutes avaient ensuite été transférées sous la tutelle du Congrès et du pouvoir judiciaire. La loi traite différemment les étrangers situés hors des Etats-Unis et les Américains ou personnes vivant aux Etats-Unis.

Pour surveiller un citoyen américain ou un résident américain, le renseignement doit motiver sa demande et obtenir un mandat de justice individuel auprès d'une cour secrète de 11 juges, chargée depuis 1978 de valider toute écoute.
             
Mais les étrangers vivant hors du territoire ne disposent pas de ces protections constitutionnelles, et le Congrès a donné aux espions une quasi carte blanche.
              
«L'article 702 donne au gouvernement de nouveaux pouvoirs pour recueillir les communications de personnes qu'on estime être des personnes étrangères et se situant à l'extérieur des Etats-Unis», expliquait le démocrate Ron Wyden, le 27 décembre.
 
De son côté l’Europe a semblé se réveiller, la Commission européenne demandant aux  Etats-Unis de lui fournir «des explications et clarifications» sur leurs programmes d'espionnage des communications. La Commission rappelle que «le respect des droits fondamentaux et de l'Etat de droit constitue le fondement des relations entre l'UE  et les Etats-Unis». Or, «des programmes comme Prism et les lois qui autorisent de tels programmes pourraient entraîner de graves conséquences pour les droits fondamentaux des citoyens européens». Si l’UE le dit…
 
Caricature sur les écoutes aux USA. Obama is watching you

Les ventes de 1984 décollent
Dans toute cette affaire, la bonne nouvelle est le boom des ventes de 1984, le livre de George Orwell, créateur du personnage de Big Brother, qui surveille tout. Depuis la révélation de l’affaire de la NSA, la vente du livre aurait fait un bond sur le site Amazon…Un détail qui n’a pas dû échapper à la NSA…

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