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L'arrivée de Trump à la Maison Blanche ravit les militants «pro-life»

La mobilisation des opposants américains à l'avortement a porté ses fruits dans de nombreux Etats, dont l'Ohio. Ils sont parvenus à faire voter des mesures restreignant le droit à l'IVG, prises au grand dam des «pro-choice». Ces derniers redoutent un retour en arrière et le recours des femmes à des méthodes clandestines pour avorter.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les «pro-life» sont convaincus que le vent a tourné en leur faveur avec la victoire électorale de Donald Trump, le 8 novembre 2016. (ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Depuis la victoire du candidat républicain Donald Trump à l'élection présidentielle américaine du 8 novembre, les militants anti-avortement américains ont repris du poil de la bête. La prochaine arrivée du magnat de l'immobilier à la Maison Blanche, offciellement élu, ravive donc les espoirs des conservateurs et des chrétiens évangéliques vent debout contre l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
 
Dans l'Ohio, le gouverneur républicain John Kasich, ex-candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle, a validé une loi interdisant l'avortement dès la vingtième semaine de grossesse, y compris dans le cas d’une fécondation résultant d’un viol ou d’un inceste.

Les «pro-choice», défenseurs de l'IVG, auraient pu s'attendre à pire si M.Kasich n'avait pas opposé son veto à un autre volet de la loi, appelé «heartbeat bill». Lequel entendait bannir l'avortement dès lors que le battement du coeur du foetus était détectable, soit parfois avant même qu'une femme sache qu'elle est enceinte.


Avorter à 24 semaines, un délit dans le Tenessee
Dans le Tennessee, une femme a récemment été visée par des charges criminelles renforcées pour avoir tenté, elle-même, d’avorter à 24 semaines, en utilisant la tige métallique d’un cintre.
 
La Cour suprême a rejeté une nouvelle loi restreignant le recours à l'IVG dans l'Oklahoma qui prévoyait d'imposer aux médecins pratiquant l’avortement de disposer d'un droit d'admission de leurs patientes dans un hôpital local situé au maximum à 30 miles (48 km) de leur cabinet. Une règle draconnienne qui a déjà conduit à la fermeture, en deux ans, de dizaines de centres d'IVG au Texas. 

Dans cet Etat du Sud, mi-décembre, un juge de la Cour suprême a suspendu une loi qui obligeait ces centres à incinérer ou mettre en terre les résidus fœtaux post-avortement.
 
Afin de multiplier les textes législatifs anti-avortement, l'organisation Americans United for Life (AUL) a publié récemment un rapport de plus de 200 pages dénonçant les «conditions atroces» régnant, selon elle, dans 227 centres d'IVG de 32 Etats. Mais l’argument de Denise Burke, une responsable d’AUL, pour justifier ce document, est qu’il permet d’«offrir un outil aux législateurs dans la perspective des sessions parlementaires de 2017 dans les Etats».

Des ministres «pro-life» dans le gouvernement Trump
Vainqueur du scrutin du 8 novembre 2016, M.Trump a choisi Mike Pence comme vice-président et Jeff Sessions comme ministre de la Justice, tous deux pro-life. Egalement contre l’avortement, le futur ministre de la Santé, Tom Price, devrait quant à lui s’attaquer au planning familial et au remboursement de la contraception. Cet ancien chirurgien orthopédique, âgé de 62 ans, est un grand opposant à la réforme maladie Obamacare.

La limite de 20 semaines imposée par le gouverneur de l'Ohio, pour permettre à une femme d'avorter, est un pari risqué. La Cour suprême des Etats-Unis a d'ores-et-déjà jugé que les Etats ne peuvent interdire à une femme d'avorter tant que son foetus n'est pas viable, un seuil situé autour de 24 semaines, d'après les experts. 

En juin 2016, les pro-life avait essuyé un revers cinglant, la Cour suprême ayant déclaré illégale une loi texanne de 2013. L'opinion publique américaine reste encore divisée au sujet de l'avortement. Le site Géopolis rappelait qu'en 2016, 50% des Américains souhaitaient que l'avortement soit légal dans certaines circonstances (raisons médicales, viols...).  

Des juges nommés par Trump à la Cour suprême
Rien que sur le premier trimestre 2015, 53 textes restreignant l’accès à l’IVG avaient été approuvés par des chambres législatives et 9 mis en place, selon Libération.

​En 2013, le taux d'avortement était de 12,5 avortements pour 1.000 femmes ayant entre 15 et 44 ans. Soit une baisse de 5% par rapport à 2012 et la moitié des 25% enregistrés en 1980.

M.Trump s'est par ailleurs engagé à nommer à la Cour suprême des juges farouchement opposés à l'avortement, en précisant que ce nouveau rapport de force au sein de la haute juridiction pourrait à terme déboucher «automatiquement» sur l'annulation de «Roe V.Wade», l'arrêt emblématique qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis.

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