Haïti : de nouvelles plaintes en préparation contre Duvalier
Corruption, détournement de fonds et association de malfaiteurs : des chefs d'accusation qui peuvent paraître bien anodins face à ce que fut la dictature Duvalier. Avec le temps, les langues se délient en Haïti, et les souvenirs de ces années sous la férule du père, puis du fils remontent à la surface. Les témoignages affluent, notamment sur les ondes, pour raconter la peur et l'oppression. Les arrestations, la prison de Fort Dimanche, les disparitions, les assassinats. Autant d'atrocités corroborées par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme.
Le bilan des années Duvalier se chiffrerait en milliers de morts. Des plaintes plus en rapport avec cet aspect sanglant de la dictature pourraient affluer dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Une des premières pourrait venir de l'ancienne porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Michèle Montas. Son mari, le journaliste Jean Dominique, avait subi des intimidations qui l'ont forcé à l'exil. La plainte portera sur “la destruction de Radio Haïti, sur l'arrestation, la torture et l'envoi en exil dont j'ai été victime ainsi que beaucoup de nos journalistes le 28 novembre 1980”, a-t-elle expliqué.
Avec ces menaces au dessus de sa tête, pourquoi “Bébé Doc” a-t-il quitté son exil français ? C'est une question qui pourrait valoir plusieurs millions d'euros, selon certains observateurs. Des millions d'euros qui dorment dans des banques suisses. Combien ? Le chiffre est pour le moins imprécis : un peu plus de cinq, autour de huit, beaucoup plus ? Les sources divergent. Toujours est-il que la Suisse a annoncé qu'elle rendrait cet argent au peuple haïtien, l'estimant volé par le dictateur. Pour certains, comme Michèle Montas, Duvalier aurait tenté de récupérer le magot en effectuant un aller-retour dans son pays (il a son billet retour en date du 20 janvier). Il aurait compté ne pas être inquiété et démontrer ainsi à la Suisse qu'aucune charge ne pesait contre lui dans son pays et que par conséquent, cet argent était bien à lui. Si tel était le but de la manœuvre, c'est pour le moins manqué.
L'intéressé ne s'est pas expliqué, se bornant à dire qu'il était revenu “pour aider”. Cloîtré dans la chambre de son hôtel de Pétionville, il n'a pas été en mesure de démontrer in vivo la nature de l'aide qu'il comptait apporter au peuple haïtien. La conférence de presse annoncée pour lundi par ses proches a été annulée.
Grégoire Lecalot, avec agences
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