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Guantanamo, une zone de non-droit qui a la vie dure

Les Etats-Unis ont transféré 15 détenus de Guantanamo vers les Emirats Arabes Unis. Il ne reste plus que 61 prisonniers dans ce centre qui en a accueilli au total 780 depuis son ouverture en 2001. Un centre de détention très controversé que le président Obama avait promis de fermer lors de sa prise de fonction.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestants protestent contre la violation des droits de l'Homme dans la prison militaire américaine de Guantanamo, le 9 avril 2015 à Panama  (AFP/Johan Ordonez)

Barack Obama n’arrivera surement pas à fermer Guantanamo, contrairement à sa promesse. Mais il ne reste plus désormais que 61 prisonniers dans la prison, contre 242 à la prise de fonction du président en 2009. Selon l’AFP, les 15 prisonniers transférés sont Yéménites, à l’exception de trois Afghans. Washington ne pouvant pas renvoyer au Yémen en guerre les douze hommes, il lui fallait trouver un pays d’accueil. Finalement, les Emirats Arabes Unis vont les accueillir, au  grand soulagement du Pentagone qui a vivement remercié Abou Dabi.
 
Guantanamo, base militaire américaine enclavée dans le territoire cubain, devait accompagner les Etats-Unis dans la «guerre contre le terrorisme». N’étant pas soumise à la législation américaine (c’est un terrain cubain loué), Guantanamo est une bulle où l’armée peut faire à peu près n’importe quoi. Ainsi Washington a refusé aux prisonniers le droit de contester leur détention.
La prison, créée après l’attaque en Afghanistan fin 2001, détenait des «ennemis combattants», selon la terminologie américaine. «Les pires parmi les pires» aux dires de l’ancien vice-président Dick Cheney.
 
Nombreuses bavures
Sauf que, les coups de filet américains étaient larges, et les hommes détenus avaient souvent un costume bien trop large. C’est en tout cas ce qu’il ressort des documents déclassifiés du Département américain de la Défense. Ainsi, un prétendu dangereux combattant, qui aurait été formé dans un camp d’entrainement d’Al Qaïda, n’était en fait que cuistot. Il a tout de même passé dix ans à Guantanamo. Un autre détenu travaillait sous la contrainte des terroristes comme traducteur et comptable. L’armée n’a pourtant pas jugé bon de le libérer.
 
Ainsi, détentions arbitraires, traitements cruels et absence d’inculpation et de jugement vont accompagner l’existence de Guantanamo, qualifié de «trou noir juridique» par les ONG. Washington flirte sans cesse avec la torture lors des interrogatoires, mais ignore les récriminations. Selon Amnesty International, depuis 2002, neuf prisonniers sont morts à Guantanamo. Sept suicides et deux morts naturelles.

Echec d'Obama 
Si Obama a échoué à fermer Guantanamo avant la fin de son mandat, c’est en partie, dénonce Amnesty, parce que le gouvernement ne s'en est pas donné les moyens. En conséquence, l’opposition républicaine a empêché sa fermeture, et continue de le faire. Pour la sénatrice républicaine Kelly Ayotte, «la plupart des détenus qui restent à Guantanamo sont la lie de la lie». La sénatrice milite pour le maintien du centre de détention. Selon elle, 93% des détenus encore présents «ont été évalués comme pesant un gros risque».
 
La fermeture définitive n’est pas pour demain, et finalement, cela semble satisfaire également le camp démocrate. Car le gouvernement lui-même reconnait qu' une cinquantaine de prisonniers ne sont pas libérables du fait de leur dangerosité potentielle.

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