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Grand mur frontalier: Trump peut-il vraiment faire payer la facture au Mexique?

Pour concrétiser, au plus vite, le projet de mur frontalier entre le Mexique et les Etats-Unis, l’une des principales promesses de campagne de Donald Trump, le Congrès américain va mettre la main à la poche et régler la facture. Le futur président des Etats-Unis l'a réaffirmé, indiquant dans un tweet que l’édifice serait remboursé plus tard par le Mexique.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La frontière entre le mexique et les Etats-Unis, longue de 3.200 km, est soumise à une surveillance des forces de police officielle, les Border Patrol, mais aussi de milices privées pour tenter de stopper les migrations. (Sandy Huffaker / AFP)

La promesse de construire un «énorme, puissant et beau mur» a toujours valu à Donald Trump durant ses meetings le soutien massif du public. A la question du candidat «Qui va payer?», ses supporters répondaient «le Mexique!»

Alors que le Congrès pourrait financer ce mur dertiné à limiter l’immigration clandestine aux Etats-Unis, Donald Trump n'a pas démenti: «La presse malhonnête ne mentionne pas que tout l'argent dépensé à la construction du Grand Mur (afin que les choses aillent vite) sera remboursé par le Mexique plus tard!», a-t-il écrit sut Twitter. 

Il réagissait aux révélations de plusieurs médias, dont CNN, selon lesquelles l'équipe de transition Trump avait informé les parlementaires républicains que le futur président souhaitait un financement de cette construction via une allocation de crédits dès le mois d'avril 2017. Ce qui reviendrait à financer l'édifice avec l'argent des contribuables américains.

Pas question donc pour le futur président de revenir sur sa promesse, a réagi de son côté Kellyanne Conway, principale conseillère de Donald Trump. «De notre point de vue, rien n'a changé. C'est le Congrès qui examine différentes options pour le financement du mur», a-t-elle déclaré dans l'émission This Morning sur la chaîne CBS.

Un premier tronçon de barrières érigé en 2008
Pour aller au plus rapide, les responsables républicains, qui contrôlent les deux chambres du Congrès, ainsi que l'équipe de transition de M.Trump ont l'intention de s'appuyer sur une loi, promulguée en 2006 par le président George W.Bush. Celle-ci autorise la construction «d'une barrière physique» sur la frontière avec le Mexique. L'immigration clandestine était alors un enjeu central du débat politique à l'approche des élections législatives 2006, puis des présidentielles de 2008. 

Non limitée dans le temps, cette législation peut donc servir de base légale à la construction du mur dont rêve Donald trump, à condition de trouver un financement. Thomas Hodgson, un shérif du Massachusetts, républicain comme Trump, a suggéré récemment que des prisonniers américains soient réquisitionnés pour construire ce mur le long du Mexique. «Cette proposition est perverse, inhumaine et très probablement contraire à la Constitution», a réagi la conseillère juridique pour le Massachusetts de l'American Civil Liberties Union (ACLU, association de défense des libertés civiques).

Depuis son élection le 8 novembre 2016, le futur président des Etats-Unis a déclaré qu'il n'était pas opposé à l'édification de barrières et non à un mur à proprement parler sur certaines portions de la frontière. Les services américains des douanes et des contrôles aux frontières ont estimé à 11,3 milliards de dollars les travaux de construction complétant les parties de la frontière sur lesquelles existent déjà des barrières. Un premier tronçon de quelque 23 km a en effet vu le jour en 2008 dans la région de San Diego, pour un coût d'environ 126 millions de dollars (100 millions d'euros). 

Mexique: 2 millions de km² perdus en trente ans
La question migratoire entre les deux Etats ne date pas d'aujourd'hui. Cest à partir du milieu des années 1960 que surgit une immigration clandestine suite à la suppression d'accords bilatéraux qui permettaient aux braceros de travailler temporairement aux Etats-Unis. C'est aussi la période des «wet-backs» (dos mouillés), ces hommes et femmes qui traversent le fleuve à la nage pour rejoindre les Etats-Unis.

A partir des années 80 jusqu'au début des années 90, l'immigration illégale a gonflé la population hispannique dont l'écrasante majorité vient du Mexique. Bien que sous-évaluée, celle-ci a atteint près de 22,5 millions de personnes, soit 9% de la population totale des Etats-Unis, selon le recensement de 1990. Les modifications des tracés frontaliers n'ont cessé d'évoluer en trentre ans et ont fait perdre au Mexique près de 2 millions de km².

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