États-Unis : quatre marches géantes organisées pour défendre le droit à l’avortement, la Californie veut être une "lueur d’espoir"
Washington, New York, Chicago et Los Angeles… Aux États-Unis, quatre grandes marches sont organisées samedi ainsi que des centaines d’autres rassemblements, aux quatre coins du pays, pour défendre le droit à l’avortement. De son côté, la Californie légifère pour protéger les femmes.
Les révélations du journal Politico il y a une dizaine de jours sur les intentions de la Cour Suprême de casser très bientôt la législation en matière de droit à l’avortement a mis le feu aux poudres. Samedi 14 mai, des marches géantes sont prévues à Washington, New York, Chicago et Los Angeles ainsi que des centaines de rassemblements à travers tout le pays pour défendre le droit des femmes à disposer librement de leur corps.
Ces manifestations doivent marquer le début d’un "été de colère", affirme l’organisation "Women’s March" qui avait rassemblé des millions d’opposantes et opposants à Donald Trump il y a quelques années, lors d’une grande "Marche des Femmes".
Tomorrow, we’re mobilizing across the country to lift up our voices and shared experiences to fight for aboriton access.
— Women's March (@womensmarch) May 13, 2022
If you’re ready to fight, find an action near you: https://t.co/JzxVgcGD94 pic.twitter.com/clp8WN6JC5
Un "été de colère"
Toutefois, impossible encore de savoir si la mobilisation sera à la hauteur de la décision que s’apprête a priori à prendre la Cour suprême, celle de renverser l’arrêt historique Roe versus Wade, une décision de justice de 1973 qui légalise et encadre depuis le droit à l’avortement aux États-Unis. Si la plus haute juridiction du pays confirme ses intentions, chaque État sera libre d’interdire ou d’autoriser l’IVG. Et même si elle massive, la mobilisation risque de ne rien changer. La Cour suprême, dominée par des juges conservateurs grâce à Donald Trump, n’est pas du genre à rétropédaler sous à la pression populaire. Et la Maison Blanche ne dispose pas de levier d’action non plus car les démocrates n’ont pas la majorité nécessaire au Sénat.
Un vote destiné à garantir le droit à l’IVG partout dans le pays a échoué cette semaine sans surprise. "Les Républicains du Congrès ont choisi de s’opposer au droit des Américaines de prendre les décisions les plus personnelles concernant leur corps, leur famille et leur vie", a critiqué le président Joe Biden. On imagine la frustration du président américain, lui, un démocrate impuissant sous son propre mandat à empêcher le pays de retourner 50 ans en arrière.
"Pas une promesse en l’air"
La Cour doit annoncer sa décision le mois prochain. Mais une vingtaine d’États conservateurs ont déjà annoncé vouloir rendre la procédure illégale. Certains ont d’ailleurs déjà pris les devants, et fait voter des lois plus ou moins dures. A contrario, la Californie, État le moins restrictif sur l’IVG, entend s’affirmer comme un sanctuaire pour les femmes ayant besoin d’un avortement. Les démocrates californiens veulent en effet inscrire le droit à l’avortement dans la constitution locale. Un référendum est nécessaire pour amender la constitution.
Ça ne suffira pas, a cependant prévenu sur une antenne locale de Fox, Cristina Garcia, élue de Los Angeles. "On a introduit dès janvier un package de 13 projets de lois parce que la réalité d’un droit sans accès n’est qu’une promesse en l’air. On espère devenir une lueur d’espoir pour les femmes vulnérables de Californie et d’ailleurs", a déclaré l’élue.
Parmi ces treize lois, celle interdisant aux assureurs d’imposer une franchise pour un IVG est déjà en vigueur. D’autres prévoient de protéger d’éventuelles poursuites judiciaires les femmes qui viendraient d’un autre État, en plus d’une aide financière pour rejoindre la Californie. Le gouvernement local prend aussi en charge les frais d’un avortement pour les plus pauvres, 125 millions de dollars doivent être débloqués pour financer toutes ces mesures. Une volonté saluée par de nombreuses associations, inquiètes que les moyens manquent.
Autour de la Californie, le nombre de femmes sans accès à une clinique proche risque en effet de passer de quelques milliers à plus d’un million du jour au lendemain. De leur côté, les anti-IVG dénoncent des lois qui entretiendront un "tourisme de l’avortement".
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