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Etats-Unis: qu'est-ce qu'un vice-président et à quoi sert-il?

Mike Pence, colistier de Donald Trump, et Tim Kaine, choisi par Hillary Clinton, débattent à leur tour. Ils ont été désignés pour le poste de vice-président si leur champion l’emporte. Qui sont-ils et à quoi sert un vice-président aux Etat-Unis ? Retour sur une fonction méconnue.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Donald Trump s'affiche avec son candidat à la vice-présidence, Mike Pence. (Capture du site twitter de Trump)

Les débats entre candidats à la vice-présidence ne suscitent pas l'enthousiasme des affrontements entre les deux candidats à la présidence, mais ils éclairent la personnalité qui pourrait éventuellement remplacer le président élu en cas d'empêchement de ce dernier. 

Qui sont les candidats à la vice-présidence?
Michael «Mike» Richard Pence, gouverneur républicain de l’Indiana, colistier de Trump, est supposé apporter à son champion des voix venues des franges chrétiennes et réactionnaires du parti conservateur. Défenseur du Tea party (droite du parti conservateur), catholique, il s’est fait remarquer par des lois considérées comme homophobes ou anti-IVG dans son Etat et des mesures contre les réfugiés. Il était au départ soutien de Ted Cruz, conservateur plus classique que Trump. En effet, Trump affiche une position iconoclaste dans son camp en s'affichant contre le libre-échange alors que son colistier a voté en faveur du partenariat transpacifique. Même divergence sur l’intervention en Irak. Pence était pour et Trump l’a condamnée.

Hillary Clinton avec Tim Kaine (Capture écran du site de campagne de Clnton)

Avocat, sénateur de Virginie (un Etat clef) et ancien gouverneur, Tim Kaine, 58 ans, le «running mate» (colistier) d'Hillary Clinton est supposé apporter des suffrages venant du centre vers la candidate démocrate. La candidate avait le choix entre jouer sa gauche, personnalisée avant la convention par Bernie Sanders et ses excellents scores, notamment auprès des jeunes, ou un candidat plus centriste. Elle a finalement choisi un colistier assez classique, qui s'amuse lui même à se présenter comme «ennuyeux». Elle joue ainsi la possibilité d'attirer des voix centristes qui pourraient être générées par les propos et les positions de Trump. Tim Kaine a aussi l'avantage d'être hispanophone, une façon de se démarquer de Trump qui a souvent attaqué les migrants venant d'Amérique latine. Seule ombre au tableau pour les féministes et la gauche américaine, ce catholique s'était montré réticent sur le droit à l'avortement et est favorable au libre-échange.

A quoi sert un vice-président?
Le vice-président est élu en même temps que le président et pour la même durée. De facto, le vice-président figure sur une sorte de ticket avec le président lors de l’élection. Le vice-président n’a pas de fonction précise dans la Constitution américaine, si ce n’est celle de remplacer le président en cas de décès, démission, incapacité ou impeachment. Son seul rôle officiel est d’être président du Sénat… ce qui n’est finalement qu’honorifique, même s’il a la possibilité de voter en cas d’égalité de vote.

Il est néanmoins membre de droit du Conseil national de sécurité.
 
Tout comme un président ne peut faire plus de deux mandats, un vice-président ne peut être élu une seconde fois après avoir servi plus de la moitié du mandat du président qu’il a remplacé. En clair, il ne peut être président pendant plus de dix ans.
 
Rôle politique
C’est finalement plus son rôle politique pendant la campagne qui est important, que sa fonction après l'élection. Le candidat à la présidentielle choisit un vice-président qui doit venir en complément de ses propres qualités, afin d’élargir sa base électorale. C'est ainsi que John F.Kennedy, catholique de la côte Est, a choisi comme colistier un démocrate du Sud, censé corriger son image, Lyndon B.Johnson.

Il peut aussi apporter une sorte de caution technique pour son candidat sur des secteurs où ce dernier est jugé faible. C'est ainsi que Ronald Reagan aurait choisi George Bush pour ses compétences en relations internationales. George Bush avait été patron de la CIA et ambassadeur à l'ONU. 

A côté de Jackie Kennedy (à droite), le vice-président américain Lyndon Johnson prête serment dans Air Force One, le 22 novembre 1963, 98 minutes après l'assassinat du président John F.Kennedy à Dallas. (CECIL STOUGHTON-WH PHOTOGRAPHS / JFK PRESIDENTIAL LIBRARY / AFP)

Des vice-présidents devenus présidents en cours de mandat
Truman, Johnson ou Ford… Quel est le point commun de ces trois présidents américains? Ils sont tous les trois devenus président, en tant que vice-président, à la suite de la démission ou du décès du président en exercice. 

Depuis la Seconde guerre mondiale, trois vice-présidents sont devenus présidents en cours de mandat.
Le premier, Harry Truman, succède très rapidement au président élu, FD Roosevelt, mort au début de son quatrième mandat, en 1945. Devenu président de plein exercice, c’est lui qui décida des bombardements atomiques sur le Japon et lança la doctrine Truman sur l’interventionnisme américain, notamment contre l’URSS.
 
Lindon B.Johnson succéda lui en 1963 à John F.Kennedy assassiné. Ce Sudiste dut gérer très rapidement une situation difficile, avec le début de la guerre du Vietnam et la poursuite des réformes pour les droits civiques. Il fut réélu dans la foulée pour un second mandat et ne se représenta pas pour un troisième.
 
Enfin, Gérald Ford succéda à Richard Nixon empêtré dans l’affaire du Watergate qui démissionna en 1974. Sa plus grande décision fut d’amnistier Nixon. Il reste le seul président à n’avoir jamais été élu puisqu’il fut battu lors de la présidentielle suivante par le démocrate Jimmy Carter.

En dehors de ces cas dramatiques, assurer le rôle de vice-président peut constituer un tremplin pour le mandat de président. Six d'entre eux ont ainsi été élus, comme Richard Nixon (vice-président d'Eisenhower) en 1968 (après avoir échoué une première fois en 1960), et George Bush, vice-président (de Reagan) sortant, en 1988. D'autres en revanche ont échoué, comme Hubert Humphrey en 1968, Walter Mondale en 1981 ou Al Gore en 2000 (vice-président de Clinton).

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