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Etats-Unis: la police new-yorkaise accusée d'espionner les musulmans
Selon un rapport publié le 23 août 2016 par le Département des investigations (DOI) de New York, la police de l’Etat aurait violé plusieurs réglementations concernant la surveillance de groupes politiques. De plus, elle aurait ciblé les groupes musulmans à 95%.
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«Cette enquête a démontré une faille de la police new-yorkaise (NYPD). Elle n’a pas suivi les règles déterminant la surveillance des activités politiques, que ce soit dans le respect de la durée ou des autorisations.» C’est ce que constate le commissaire Mark G.Peters de la DOI (un organe qui investigue contre la corruption dans cet Etat) après avoir enquêté sur les pratiques de la police new-yorkaise et cité dans ce rapport de 67 pages.
Mais plus grave, le DOI relève que «les individus surveillés sont en majorité musulmans et/ou engagés dans des activités politiques en rapport avec l’islam – et ce à plus de 95%». Le bureau de l’inspecteur général rattaché à la DOI a enquêté sur des affaires entre 2011 et 2015 (certaines avaient débuté dès 2004).
Aux Etats-Unis, la surveillance des groupes politiques et la prévention contre le terrorisme ne sont pas que du ressort de la police fédérale. Le NYPD peut donc légalement enquêter dans ce domaine. Mais les règles qui l’encadrent sont très strictes.
Elles remontent à l’«Handschu agreement», en 1985. La police acceptait de mettre en place des mesures encadrant la surveillance de groupes politiques suite à des dérapages dans l’espionnage de militants antimilitaristes dans les années 60-70. Les enquêtes basées sur la race, la religion ou les origines ethniques sont devenues interdites.
Les inspecteurs se sont aussi intéressés à la manière dont le NYPD a enquêté. Ce dernier a utilisé des indics et des policiers infiltrés. Une pratique encore une fois légale, mais qui doit être justifiée. Ces mesures, pour être utilisées, «doivent préciser le rôle particulier du policier infiltré dans sa mission, pour que cette méthode intrusive puisse être évaluée.» Or, «le NYPD n’a pratiquement jamais inclus de telles précisions dans ses demandes. Au contraire, il a utilisé de façon répétée des termes génériques et expressions passe-partout.»
Cela a eu des conséquences graves relevées par un article du Guardian: «La police a ainsi recueilli des informations alors même que la loi était enfreinte. Des investigations ont été reconduites indéfiniment, et toutes les prolongations d’enquête passées en revue par le bureau de l’inspecteur général ne contenaient aucune raison pour être allongées.»
Ce qui fait dire à Fahd Ahmed, le directeur d’une association de défense d’immigrants à New York, interrogé par le quotidien britannique: «Ils auraient pu renommer (le NYPD), le Département des Investigations Musulmanes.»
La police new-yorkaise déjà accusée
Au printemps 2014, le NYPD disait abandonner un programme secret visant à espionner et archiver les musulmans dans la ville de New York. Un programme mis en place en 2003, dans la logique sécuritaire américaine post-attentats du 11 septembre 2001.
Le New York Times raconte comment les forces de l’Etat avaient monté un projet visant à détecter des terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte. «La police a répertorié les communautés en dehors et dans la ville, enregistré où mangeaient les clients portant des vêtements traditionnels islamiques et archivés leurs conversations.»
Ainsi, les enquêteurs devaient parler aux employés de magasins tenus par des musulmans et jauger leurs opinions sur les Etats-Unis et sa politique étrangère. Avec des cartes et des photos, la police notait où les Albanais jouaient aux échecs l’après-midi, où les Egyptiens regardaient le foot et où les Asiatiques du Sud-Est pratiquaient le cricket.
Le NYPD désignait également des mosquées suspectées d’encourager le terrorisme. Dès lors, la police se permettait de recueillir les numéros de plaques d’immatriculation dans les parkings de mosquées, de filmer les fidèles et d’enregistrer les sermons d’imams.
Mais pour quel résultat ? «Après plusieurs années de collecte d’informations, la police reconnaît que cela n’a jamais permis d’ouvrir une piste», affirme le New York Times.
Interrogée par ce même journal, Linda Sarsour, appartenant à l’Association des Arabes Américains de New York, dénonce une autre conséquence de cette politique. «L’Unité Démographique (l’unité chargée de cet espionnage) a créé une guerre psychologique dans notre communauté.»
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