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En images Poing levé et genou à terre, ces footballeurs américains boycottent l'hymne national pour protester contre les violences raciales

De nombreux sportifs ont imité la star Colin Kaepernick pendant ce moment de patrotisme. L'objectif : signifier leur opposition face aux violences policières.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les joueurs et le staff des Seattle Seahawks forment une chaîne humaine, pendant l'hymne national, avant un match contre les Miami Dolphins, le 11 septembre 2016. (USA TODAY SPORTS / REUTERS)

Avant chaque match de football américain, la tradition veut que joueurs, entraîneurs et spectateurs se lèvent et se découvrent la tête pour entonner l'hymne, regard tourné vers le drapeau et main sur le cœur. Mais depuis mi-août et le geste inattendu du quarterback Colin Kaepernick, resté assis, ce moment de patriotisme est bouleversé par des protestations politiques contre les violences policières et l'injustice sociale dont souffrent les Noirs aux Etats-Unis. D'abord emmené par des joueurs noirs américains, le mouvement s'est étendu, en quelques semaines, jusqu'à l'ouverture officielle de la saison de football américain, dimanche 11 septembre.

Colin Kaepernick assis contre "l'oppression"

C'est une star du football américain. Le vendredi 26 août 2016, Colin Kaepernick, des 49ers de San Francisco, reste assis tandis que retentissent les notes de La Bannière étoilée dans le Levi's Stadium, où son équipe accueille les Green Bay Packers pour un match de pré-saison. Ce n'est pas la première fois, mais ses deux précédentes démonstrations, les 14 et 20 août, sont passées inaperçues.

"Je ne vais pas afficher de fierté pour le drapeau d'un pays qui opprime les Noirs", justifie ensuite le joueur. Et Kaepernick de faire explicitement référence à de récents abus policiers ayant causé la mort brutale de citoyens noirs non armés : "Il y a des cadavres dans les rues et des meurtriers qui s'en tirent avec leurs congés payés."

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Dans un pays où la liberté d'expression est protégée par le premier des amendements constitutionnels, Kaepernick n'a que répété ce que nombre d'artistes et militants dénoncent. Il emboîte le pas à d'autres joueurs professionnels luttant contre les discriminations raciales ou la violence par armes à feu, parmi lesquels les stars du basket Dwyane Wade, LeBron James ou Carmelo Anthony.

La controverse divise les Etats-Unis en trois camps : ceux qui saluent le courage de Kaepernick, ceux qui lui reconnaissent le droit de s'exprimer et ceux qui exigent sa suspension, voire son renvoi de la NFL, la ligue professionnelle de football américain.

Son coéquipier à genou pour le soutenir

Le geste de Kaepernick lui vaut des insultes sur les réseaux sociaux, où des fans se filment en train de brûler son maillot. Et si la Maison Blanche lui reconnaît le droit de manifester ses opinions, Donald Trump qualifie d'"exécrable" la posture de Kaepernick, lui conseillant de "chercher un pays mieux adapté".

Mais le quarterback cherche surtout un geste plus adapté. "Pour montrer plus de respect aux hommes et aux femmes qui se battent pour ce pays", il décide de mettre un genou à terre pendant l'hymne national, le 1er septembre, avant d'affronter les San Diego Chargers au Qualcomm Stadium. Il est alors rejoint par son coéquipier Eric Reid, rapporte le site sportif SBNation (en anglais).

Colin Kaepernick (numéro 7, au milieu) et Eric Reid, à sa droite, à genou pendant l'hymne américain, le 1er septembre 2016, au Qualcomm Stadium de San Diego (Californie). (USA TODAY SPORTS / REUTERS)

Le même jour, Jeremy Lane, des Seattle Seahawks, choisit à son tour de rester assis pendant l'hymne national, à Oakland. "Je n'essayais pas de dire quoi que ce soit, juste de soutenir Kaepernick", explique-t-il après le match.

Jeremy Lane, des Seattle Seawhawks, reste assis pendant l'hymne national, avantun match contre les Oakland Raiders, le 1er septembre 2016, en Californie. (TONY AVELAR /AP / SIPA)

La footballeuse Megan Rapinoe empêchée de protester

Le dimanche 4 septembre, c'est au tour de l'internationale américaine de football Megan Rapinoe d'apporter son soutien à Colin Kaepernick en boycottant, à son tour, l'hymne américain. La star de l'équipe féminine des Etats-Unis, ouvertement lesbienne, pose un genou à terre lorsque l'hymne américain retentit avant le match du championnat américain entre Seattle et Chicago, son équipe.

Le lendemain, elle justifie ce "petit geste en direction de Colin Kaepernick". "C'est vraiment dégoûtant la façon dont il a été traité", explique-t-elle. "Etant homosexuelle, je sais ce que veut dire regarder le drapeau américain en étant consciente qu'il ne protège pas toutes les libertés", poursuit la footballeuse, très engagée. "C'est un petit geste, mais je vais continuer à le faire, pour déclencher une prise de conscience et des conversations", insiste l'internationale américaine.

Quelques jours plus tard, le propriétaire du Washington Spirit, qui reçoit les Chicago Red Stars, lui coupe l'herbe sous le pied et décide de faire jouer l'hymne alors que les joueuses sont encore dans les vestiaires, raconte le Washington Post (en anglais).

Brandon Marshall perd un sponsor

Pendant ce temps, le maillot de Kaepernick devient un best-seller sur la boutique en ligne de la National Football League, selon ESPN. Et d'autres joueurs de football américain prennent le relais. Parmi eux, Brandon Marshall qui pose un genou à terre, à côté de ses coéquipiers, le 9 septembre. "Je suis contre l'injustice sociale, pas contre l'armée, la police ou l'Amérique", explique-t-il après le match.

Brandon Marshall (à gauche), un genou à terre pendant l'hymne national, le 8 septembre 2016, à Denver. (USA TODAY SPORTS / REUTERS)

Son geste lui coûte d'ailleurs un sponsor. La Air Academy Federal Credit Union, une banque coopérative, dit "respecter le droit de Brandon à s'exprimer" mais ne souhaite plus l'employer comme porte-parole, car "ses actions ne représentent pas notre organisation".

Poings levés et chaînes humaines le 11-Septembre

Le premier dimanche de la saison de NFL correspond cette année au quinzième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Ce jour-là, l'hymne national entonné dans les stades est chargé d'émotion. A l'occasion de cette journée particulièrement suivie par les amateurs de football américain, les gestes protestataires se multiplient.

Après s'être tenus debout pendant un discours d'hommage aux victimes des attentats, quatre joueurs des Miami Dolphins – Arian Foster, Michael Thomas, Kenny Stills et Jelani Jenkins – s'agenouillent pendant l'hymne.

Toute l'équipe et le staff des Seattle Seahawks, qui affrontent les Dolphins, choisissent eux de former une chaîne humaine pendant l'hymne.

Les membres de l'équipe des Seattle Seahawks, bras dessus brass dessous avant un match contre les Miami Dolphins, le 11 septembre 2016, à Seattle. (USA TODAY SPORTS / REUTERS)

De leur côté, les Kansas City Chiefs écoutent l'hymne américain les uns à côté des autres, mais Marcus Peters, en bout de ligne, lève son poing ganté et baisse la tête dans un geste rappelant celui de Tommie Smith et John Carlos sur le podium du 200 m des Jeux olympiques de Mexico, en 1968. "Il doit y avoir du changement dans ce qui se passe au sein des forces de police, il faut tout changer, il doit y avoir l'égalité des chances pour tout le monde", avait expliqué Marcus Peters vendredi.

Marcus Peters, des Kansas City Chiefs, lève le poing pendant l'hymne national, avant un match de NFL contre Sand Diego, le 11 septembre 2016. (JOHN SLEEZER / AP / SIPA)

Un geste également reproduit par deux joueurs des Patriots, Martellus Bennett et Devin McCourty.

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