Cleveland : dix ans de captivité, de sévices et de mystère
Francetv info détaille les conditions de détention des trois femmes et de la fillette séquestrées par Ariel Castro.
Elles ne se sont pas encore exprimées publiquement, mais l'histoire de leur détention se précise chaque jour un peu plus. Libérées, lundi 6 mai, après une dizaine d'années de captivité, Gina DeJesus, Michelle Knight et Amanda Berry, ainsi que la fille de cette dernière, Jocelyn, ont commencé à se confier à leurs proches et aux enquêteurs. Francetv info recense les éléments connus sur ce long calvaire.
Une maison cadenassée
Située dans un quartier ouvrier de Cleveland, la maison d'Ariel Castro était une "chambre des tortures et une prison personnelle", a indiqué, jeudi, le procureur américain Timothy McGinty. Les trois jeunes femmes ont raconté qu'elles étaient enchaînées dans le sous-sol durant les premières années de leur captivité, avant d'être autorisées à vivre au premier étage, sans être entravées, mais avec les portes fermées à clé et cadenassées, relate le Daily Mail (en anglais).
Des sévices qui "dépassent l'entendement"
Les trois femmes "ont supporté un horrible calvaire" durant une dizaine d'années, selon les termes du procureur, qui a souligné les "coups répétés" et les "agressions sexuelles" dont elles ont été victimes. Ces violences "dépassent l'entendement", a-t-il renchéri.
"Nous avons la confirmation qu'elles [ont été] attachées et nous avons retrouvé des chaînes et des cordes dans le couloir", a déclaré le chef de la police locale, Michael McGrath. Au moins l'une d'elles a été enchaînée au mur "comme un trophée", selon la police citée par le Daily Mail. Des témoignages de voisins, à prendre avec précaution, évoquent, eux, des scènes d'humiliation des femmes, tenues en laisse, nues, dans le jardin.
Des grossesses multiples
Michelle Knight, la seule des trois jeunes femmes encore hospitalisée jeudi, a raconté aux policiers qu'elle était tombée enceinte "au moins cinq fois" durant ses presque douze ans de captivité. "Ariel Castro lui a fait perdre le bébé", selon le rapport de police, qui fait référence au minimum à une grossesse. "Il l'a affamée pendant au moins deux semaines et lui a donné des coups dans le ventre jusqu'à ce qu'elle fasse une fausse couche", indique la chaîne de télévision CBS.
Le rapport de police précise qu'aucune des trois femmes n'a reçu de traitement médical ni la visite d'un médecin durant leur détention, selon le Daily Mail. Leur tortionnaire a simplement acheté une petite piscine gonflable, dans laquelle Amanda Berry a accouché le 25 décembre 2006. A cette occasion, il a contraint Michelle Knight à l'aider lors de l'accouchement, menaçant de "la tuer si le bébé ne survivait pas".
Un traitement différencié pour la fillette
Ariel Castro sortait parfois de la maison avec la petite Jocelyn, aujourd'hui âgée de 6 ans, pour se promener au parc ou aller au McDonalds. Ils ont aussi rendu visite à la mère d'Ariel Castro ou à un cousin, qui l'a trouvée "en bonne santé et joyeuse", selon le New York Times (en anglais). "Je l'ai vu avec la petite fille une ou deux fois, a raconté l'un de ses voisins, Israel Lugo. Il disait que c'était la gamine de sa petite amie." Pour éviter de faire naître les soupçons, Ariel Castro s'était assuré qu'elle ne connaissait pas les vrais noms de Michelle Knight et de Gina DeJesus.
Un rituel alimentaire sordide
Des voisins se rappellent avoir vu Ariel Castro avec d'importants achats de nourriture et de boissons. Certains, cités par le Daily Mail, indiquent que l'homme ne se rendait dans sa maison que quelques fois par semaine, ce qui laisse penser aux enquêteurs que les femmes ont parfois dû attendre plusieurs jours pour pouvoir manger. Des portes à l'intérieur de la maison comportaient des trous permettant de glisser de la nourriture dans les chambres, selon The Plain Dealer (en anglais).
Un cousin de Gina DeJesus livre au New York Times un ultime détail sordide : tous les ans, Ariel Castro servait un dîner et un gâteau à ses victimes à la date de leur disparition. "Il fêtait leur jour de leur enlèvement comme leur nouvel anniversaire", résume-t-il.
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