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"Si ça permet de sauver une vie, ça vaut le coup" : les habitants de Baltimore se font racheter leurs armes par la police

Jusqu'à vendredi, une opération de rachat des armes à feu est menée par les autorités de la ville du Maryland, considérée comme l'une des plus violentes des États-Unis.  

Article rédigé par Grégory Philipps, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La ville de Baltimore aux Etats-Unis rachète les armes aux habitants du 17 au 21 décembre 2018. (GREGORY PHILIPPS / RADIO FRANCE)

"Des innocents sont tués, d’autres se retrouvent sans le vouloir au cœur de fusillades", déplore la maire de Baltimore, dans le Maryland aux États-Unis. Catherine E. Pugh veut diminuer la dangerosité de la ville en rachetant leurs armes à feu aux propriétaires. Depuis lundi 17 décembre, près d'un millier d'armes ont déjà été ramenées.

Jay arrive avec un étui rempli d’armes à feu. "Là j’en amène quatre. Deux armes semi-automatiques, plus un fusil et un revolver. J’en ai encore une vingtaine à la maison, toutes achetées légalement, indique cet habitant. Je suis juste là pour l’argent. C’est bientôt Noël. Tout le monde a besoin de cash, non ?" Il entre dans le centre communal de Baltimore où la discrétion qui entoure l'opération "Gun buyback", c'est-à-dire "On rachète vos armes", est de mise. Les policiers ne demandent ni le nom du vendeur d'armes, ni l’origine de ce qu'il amène. Jay repart avec 700 dollars en liquide.

Une violence perpétuelle à endiguer 

À Baltimore, ville de 600 000 habitants, la barre des 300 homicides va une nouvelle fois être dépassée cette année. "Il faut qu’on arrive à faire disparaître de nos rues toutes les armes illégales, déclare la maire. Il y a trop de violence par armes à feu dans cette ville." Comment le retour d'armes détenues légalement peut-il résoudre une partie du problème ? Le chef de la police de la ville, Gary Tuggle, a la réponse. 

On a des propriétaires d’armes à feu qui en ont à la maison avec un permis. Mais si leur domicile est cambriolé, ces armes sont volées et on les retrouve dans des affaires criminelles.

Gary Tuggle, chef de la police de Baltimore

à franceinfo

Il veut faire passer le message. "Si vous avez une arme et si vous n’en avez pas besoin, laissez-nous vous la racheter", insiste-t-il.

Des doutes sur l'efficacité de l'opération

De midi à 20 heures, le ballet devant le centre municipal est quasiment ininterrompu. Kenny vient se débarrasser d’un revolver, jamais utilisé depuis trente ans. Toutefois, il doute de l’efficacité parfaite de l’opération. "Les gens vont amener des armes, c’est sûr, mais pas les voyous qui eux vont les garder. Mais bon, si ça permet de sauver une vie, ça vaut le coup", dit-il. John qui vient de rendre un pistolet antique pour 100 dollars est plus critique. "C’est stupide. Ils ont déjà fait ça dans le passé, ça n’a pas donné de résultats, assure-t-il. Les gens comme moi vont se débarrasser de leurs vieilleries, se faire un peu d’argent et c’est tout. C’est juste un moyen pour les politiciens de laisser croire qu’ils font quelque chose." Il souhaite des mesures passant par l'école et le travail.

Il faut remettre le système éducatif en état, ramener des usines et des emplois dans ce pays. Et là, on réglera le problème.

John, à Baltimore

L’opération se déroule jusqu’au 21 décembre dans trois quartiers de la ville. 

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