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Comment les amis français du Parti républicain américain voient le «shutdown»

Les Etats-Unis vivent au rythme du «shutdown», la fermeture des administrations fédérales, en raison du conflit budgétaire entre démocrates et républicains. Voici les arguments des républicains vus à travers ce qu’en disent leurs amis en France…
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le «shutown» des administrations américaines: le crépuscule du Congrès des Etats-Unis ? (photo prise le 7-10-2013) (AFP - Getty Images - Mark Wilson)

Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, refusent toujours de voter le budget pour l'année fiscale 2014 qui a commencé le 1er octobre 2013. Ils veulent d'abord obtenir des concessions de la part du gouvernement Obama sur sa grande réforme de la santé, la fameuse «Obamacare».

Tout au long de leurs communiqués de presse, les «Amis (français, NDLR) du Parti républicain» font état de sondages pour faire ressortir la responsabilité des démocrates et de leur chef de file, le président Barack Obama, dans la crise actuelle. Notamment d’un sondage de CNN, selon lequel 57% des Américains interrogés «sont opposés à l’Obamacare». «Quelque chose qui n’a rien à voir» avec les problèmes budgétaires, souligne le grand hebdomadaire britannique The Economist, pour qui «ce n’est pas un bon moyen de diriger un pays».

Pour appuyer leur argumentation, les amis français du Grand Old Party (GOP) citent également une enquête de la chaîne Fox News selon laquelle 54% des sondés soutiennent la proposition des républicains de différer l’entrée en application de la loi.

Conclusion logique, selon cette argumentation : l’opinion américaine soutient les arguments des républicains. Mais comme toujours dans ce type de crise, l’affaire est un tout petit peu plus compliquée… Car les représentants hexagonaux du GOP ne citent que les chiffres qui leur sont favorables.

Ainsi pour l’enquête Fox, l’opinion US semble effectivement soutenir la proposition de différer l’application de l’Obamacare. Mais il en ressort aussi que les sondés ne sont pas favorables à la suppression de son financement. Ce qui traduit donc une certaine ambivalence. Les Amis du Parti républicain ne le mentionnent pas.

De la même façon, ceux-ci omettent de citer un sondage ABC-Washington Post selon lequel il ressort que 26% seulement des Américains interrogés approuvent «la manière dont les républicains gèrent les négociations budgétaires» (contre 34% qui désapprouvent le comportement des démocrates).

L'égérie du Tea Party, le sénateur du Texas Ted Cruz, en train de prier devant la Maison Blanche le 26-9-2013 avec des membres de la Coalition de défense chrétienne (droite chrétienne) en faveur de Saeed Abedini, un pasteur américain d'origine iranienne condamné à 8 ans de prison en Iran. (Reuters - Gary Cameron)

«Les Américains n'aiment pas ‘‘Obamacare’’ mais ils rejettent nettement les affirmations des républicains selon lesquelles elle est tellement néfaste que cela vaut le coup de paralyser le gouvernement pour l'interrompre», commente Peter Brown, responsable adjoint des sondages de l’université Quinnipiac. «Le Tea Party est désavoué par une majorité d’Américains», constate Le Monde dans un éditorial. Pour autant, poursuit l’édito, ses élus «ne risquent rien. Leurs circonscriptions ont été découpées sur mesure par des gouverneurs républicains».

Autre argument des représentants du GOP en France : la «gauche américaine», en clair le Parti démocrate, se trouve «dans une posture idéologique». Mais ceux-ci ne posent pas la question de savoir si le Tea Party, la frange la plus radicale des républicain qui mène la fronde contre la Maison blanche et l’Obamacare, ne se situe pas, lui, dans une position idéologique…

De la même façon, les amis français des républicains n’entrent pas dans le détail du débat sur la réforme de santé. Ils n’évoquent par exemple pas le fait que les Américains consacrent près de 18 % de leur PIB à leur système de santé, qui repose sur des assurances privées, contre 11-12 % pour la France (et son système de santé majoritairement public). Ils gardent aussi le silence sur le fait près de 50 millions des citoyens des Etats-Unis ne sont pas couverts par une assurance. De plus, les Etats-Unis ont «une espérance de vie plus faible et une mortalité plus forte» qu’en France, Grande-Bretagne, au Japon ou aux Canada, rappelle Le Monde. Ces chiffres ne traduisent-ils pas une réalité qui dépasse l’idéologie ?

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