Baltimore: une «culture de la violence policière»

De violentes émeutes avaient éclaté à Baltimore le 27 avril 2015 à la suite des funérailles du jeune homme. Des violences constrastant avec la dignité de la cérémonie en l’honneur du jeune homme. 

A la surprise générale, la procureure du Maryland (est des Etats-Unis), Marilyn Mosby, avait annoncé le 1er mai des poursuites pénales contre six policiers, trois Blancs et trois Noirs. Freddie Gray était mort des suites d'une blessure «grave» lors de son transport le 12 avril sans ceinture, pieds et mains liés à plat ventre dans un fourgon de police. Selon l'autopsie, il est décédé huit jours plus tard d'une blessure aux vertèbres cervicales.

L'un des policiers, Caesar Gordon, a été inculpé de meurtre, violence volontaire ayant entraîné la mort et mise en danger de la vie d'autrui. Ses collègues Brian Rice, Alicia White et William Porter seront poursuivis pour violence volontaire ayant entraîné la mort et mise en danger de la vie d'autrui. Les deux derniers, Edward Nero et Garret Miller, devront répondre du chef d'inculpation de mise en danger de la vie d'autrui.

«Traitement agressif, et parfois brutal, des hommes noirs»
Ce drame «a ouvert une blessure profonde dans cette ville majoritairement noire» où la police «a une histoire de traitement agressif, et parfois brutal, des hommes noirs», constate le New York Times. Selon les statistiques officielles (2013), Baltimore compte 63,3% de citoyens noirs. 23,8% de la population vit sous le seuil de pauvreté.  

Les pratiques policières sont régulièrement dénoncées, y compris par le maire de la cité, rapporte l’AFP. A tel point que The Atlantic évoque une «culture de la brutalité policière». Dans ce contexte, «les habitants de Baltimore descendent dans la rue pour exprimer une frustration longtemps contenue». «A Ferguson, les habitants ont subi pendant des années des abus si graves que la plupart des Américains pouvaient à peine concevoir ce qui se passait. De la même façon, les citoyens de Baltimore voient l’ordre maintenu par une corporation qui commet des fautes stupéfiantes».

Freddie Gray, arrêté le 12 avril dans un quartier populaire de la ville, portait sur lui un couteau à cran d'arrêt. Pendant son interpellation, il a été victime d'une fracture des vertèbres cervicales qui a entraîné son décès une semaine plus tard. La police a reconnu qu’il aurait dû aussitôt recevoir une assistance médicale. Lors de son décès, 80% de sa colonne vertébrale était sectionnée à la hauteur des cervicales, selon les avocats de la famille.

Une vidéo, tournée lors de l'arrestation, montre des policiers entraînant Freddie Gray qui crie de douleur, et l'embarquer dans un fourgon. Les responsables policiers ont reconnu que la ceinture du sécurité du jeune homme n'était pas bouclée dans le fourgon qui a fait trois arrêts inexpliqués avant d’arriver au commissariat.

Vidéo CNN (en anglais), mise en ligne le 21 avril 2015

«Trajet musclé»
«Freddie Gray n’est pas le premier à sortir d’un fourgon de police avec de graves blessures», constate le Baltimore Sun. Le quotidien rapporte ainsi une série de cas où des citoyens ont été grièvement blessés dans un véhicule policier. Tel Dondi Johnson Sr., un homme de 43 ans, devenu paraplégique après avoir été transporté en 2005 par des agents et mort deux semaines plus tard. Ses parents ont obtenu une somme de 7,4 millions de dollars au tribunal. L’année précédente, une autre victime, Jeffrey Alston, paralysé lui aussi à la suite d’un trajet en fourgon, avait obtenu une indemnité de 39 millions de dollars…

«Pour certains, ces blessures ont été infligées par ce que l’on appelle un ‘‘trajet musclé’’, une ‘‘technique non autorisée’’. En l’occurrence, les véhicules sont conduits de manière à causer ‘‘des blessures ou des douleurs’’ à des personnes interpellées qui sont menottées mais non attachées (à leur siège, NDLR), selon le témoignage d’un ancien officier de police», rapporte le Baltimore Sun.

Pour l’instant, «les responsables policiers n’ont pas fait de lien entre la manière dont Gray a été transporté et ses blessures. Mais ils ont reconnu qu’il n’avait pas été attaché comme le requiert le règlement. De leur côté, les experts médicaux expliquent que (le jeune homme, NDLR) aurait pu se blesser à la colonne vertébrale pendant son arrestation. Ils pensent aussi que sa blessure aurait pu s’aggraver dans le véhicule en raison d’un choc, dans un virage ou lors d’un arrêt.»
 
Six policiers ont été suspendus en attendant que leur hiérarchie remette le 1er mai les conclusions de son enquête au procureur du Maryland. Lequel peut décider d'engager des poursuites.