Un tunnel sous le Bosphore pour relier l'Asie à l'Europe
En 1994, un tunnel ferroviaire reliait l'Angleterre à la France en passant sous la Manche. Près de vingt ans plus tard, un tunnel ferroviaire, construit en partie sous le Bosphore, reliera désormais l'Europe à l'Asie. Il aura fallu neuf ans pour achever le Marmaray, tunnel long de 14 km dont une portion immergée de 1.400 m. Il transportera ses premiers passagers entre les deux continents avec pour objectif de fluidifier le trafic intercontinental, sur un trajet effectué quotidiennement par plusieurs millions de stambouliotes.
"C'est le rêve de plusieurs siècles qui se concrétise ", avait déclaré en août le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, aux commandes du train qui effectuait les premiers tests dans le tunnel sous la mer de Marmara. A ses yeux, c'est l'aboutissement d'un "rêve de 150 ans ", depuis que les sultans ottomans en ont rêvé.
Ancien maire d'Istanbul, le Premier ministre turc va inaugurer le tunnel lors d'une grande cérémonie qui était prévue sur le quai asiatique d'Üsküdar à 13h GMT (14h heure française). Marmaray figure parmi ses méga-projets urbains souvent contestés qui ont nourri la fronde antigouvernementale de juin. Il sera accompagné, jour anniversaire de la fondation de la république turque en 1923, par le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe, principal pourvoyeur de fonds du projet. Un vieux rêve qui se réalise ---------------------------- [ C'est en 1860 que l'idée de percer un tunnel sous le Bosphore a été évoquée pour la première fois](http://www.nouvelle-europe.eu/node/415), par un sultan ottoman, Abdulmedjid. Mais faute de technique et de fonds suffisants, elle ne s'était jamais concrétisée. Le projet a été relancé dans les années 1990 avec l'explosion démographique d'Istanbul, dont la population a doublé depuis 1998 pour dépasser les 15 millions d'habitants. Le coût total du projet est évalué aujourd'hui à trois milliards d'euros. Il a été en grande partie financé grâce à l'appui de la Banque du Japon pour la coopération internationale (735 millions d'euros) et de la Banque européenne d'investissement (BEI). Le premier coup de pioche a été donné en mai 2004 par un consortium d'entreprises turques et japonaises. Des projets "*pharaoniques* " ----------------------------- Les travaux devaient initialement être achevés en quatre ans mais ont été longtemps suspendus [par la découverte d'une série de trésors archéologiques](http://www.ina.fr/video/VDD08003543/decouverte-a-istanbul-de-la-plus-vaste-flotille-medievale-connue-video.html). Le tunnel, un double tube immergé à plus de 50 m sous le lit du Bosphore, est aujourd'hui enfin achevé. Dans cette région à forte activité sismique, il est censé pouvoir résister à des séismes d'une magnitude de 9 sur l'échelle ouverte de Richter. Avec cet ouvrage, à terme relié à 75 km de voies nouvelles, les autorités veulent mettre un terme aux souffrances des deux millions de Stambouliotes qui, chaque jour, traversent le Bosphore sur ses deux ponts, toujours saturés. Mais certains spécialistes sont dubitatifs de la portée du projet même si le tunnel a suscité moins de critiques que le futur troisième aéroport de la ville, le canal de 45 km parallèle au Bosphore ou le troisième pont sur le détroit, ces projets "*pharaoniques* " dénoncés comme autant de preuves de [la dérive autoritaire et de l'affairisme du gouvernement islamo-conservateur pendant la fronde de juin](http://www.franceinfo.fr/monde/turquie-nouveaux-affrontements-violents-entre-police-et-manifestants-1010853-2013-06-03). A LIRE AUSSI ►►► [En Turquie, le spectre de la place Taksim refait surface](http://www.franceinfo.fr/monde/en-turquie-le-spectre-de-la-place-taskim-refait-surface-1141023-2013-09-13) Le projet ne sera pas opérationnel à 100% immédiatement. Il faudra encore plusieurs années pour que le chantier soit effectivement terminé. "*La portion mise en service est très limitée. Tout ça a été reporté à bien plus tard* ", a regretté Tayfun Kahraman, le président de la chambre des urbanistes d'Istanbul. Depuis des jours, des annonces publicitaires diffusées en boucle sur les chaînes de télévisions vantent les mérites du projet gouvernemental. "*C'était un rêve, il est devenu réalité* ", proclament les spots avec pour acteur principal, Erdogan. Les détracteurs d'Erdogan l'accusent toutefois d'avoir précipité l'inauguration de ce mardi afin de le présenter comme un enjeu avant les élections municipales prévues en mars 2014. La chambre des ingénieurs et des architectes (TMMOB) a même conseillé aux Turcs de ne pas emprunter cette nouvelle route "*pour des raisons de sécurité* ", un appel rejeté par le maire d'Istanbul, Kadir Topbas, qui jure que Marmaray est sûr.
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