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Un scientifique nucléaire iranien de renom a été tué mardi par l'explosion d'une moto piégée à Téhéran

Massoud Ali Mohammadi, professeur de physique nucléaire à Téhéran, a péri mardi dans une explosion commandée à distance, selon le procureur de Téhéran.Les services de renseignement US (CIA) et israéliens (Mossad) sont derrière l'attentat, a dit mercredi le président du parlement M.Larijani. Washington,déjà accusé mardi, avait démenti être impliqué.
Article rédigé par France2.fr
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Massoud Ali Mohammadi (France 2)

Massoud Ali Mohammadi, professeur de physique nucléaire à Téhéran, a péri mardi dans une explosion commandée à distance, selon le procureur de Téhéran.

Les services de renseignement US (CIA) et israéliens (Mossad) sont derrière l'attentat, a dit mercredi le président du parlement M.Larijani. Washington,déjà accusé mardi, avait démenti être impliqué.

"Les accusations d'implication des Etats-Unis sont absurdes", avait déclaré mardi soir Mark Toner, un porte-parole de la diplomatie américaine à Washington, repris ensuite mot pour mot par le porte-parole adjoint de la Maison Blanche.

"Ces actions terroristes et l'élimination de savants nucléaires du pays n'empêcheront certainement pas le programme nucléaire de l'Iran mais vont l'accélérer bien au contraire", avait affirmé pour sa part le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères.

Selon un voisin de la victime, l'explosion a été "très puissante" et a fait voler en éclat les vitres des voitures et maisons à proximité. Le procureur a déclaré que "son corps a été transféré à la médecine légale et une enquête a été ouverte pour identifier les responsables de l'explosion et les motifs".

De possibles pistes
Massoud Ali Mohammadi, âgé de 50 ans, était spécialiste en physique des particules, selon un de ses étudiants cité par l'agence Fars. Il avait travaillé avec le Corps de Gardiens de la Révolution -Pasdaran, le fer de lance des forces armées iraniennes- pendant plusieurs années, lors de la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-88) et après, selon la même source.

Le mode opératoire de l'attentat (l'explosion d'un véhicule piégé déclenché à distance) a été fréquemment employé par les Moudjahidine du peuple contre les responsables du régime durant les premières années ayant suivi la révolution islamique.

La chaîne de télévision officielle en arabe Al-Alam a estimé que, "compte tenu du type de l'explosion, l'attentat pourrait avoir été commis par les 'hypocrites' (l'Organisation des Moudjahidine du peuple, ndlr)", éventuellement après avoir été "planifié par le régime sioniste". De Paris, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), dont les Moudjahidine du peuple sont la principale composante, a nié toute implication.

Contexte tendu
Cet attentat intervient dans un contexte toujours tendu en Iran, sept mois après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad. Le scrutin, dont les résultats ont été contestés par l'opposition, a plongé l'Iran dans une crise sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Huit personnes, dont un neveu de l'opposant Mirhossein Moussavi, ont été tués lors des derniers troubles du 27 décembre, à l'occasion de l'Achoura, temps fort du calendrier religieux chiite.

Les religieux de l'aile dure du régime ont encouragé les autorités à châtier impitoyablement les dirigeants d'opposition qui, selon eux, fomentent les tensions en Iran. Ils ont été qualifiés de "mohareb", c'est-à-dire d'"ennemis de Dieu", ce qui, en République islamique, implique la peine de mort.

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