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Un an après Copenhague, une nouvelle conférence sur le climat se déroule depuis lundi à Cancun (Mexique)

Les dissensions entre pays riches et émergents sur l'avenir du protocole de Kyoto ont terni samedi les discussions sur la lutte contre le réchauffement climatique."Je vous exhorte à rechercher un compromis!", a lancé la ministre mexicaine des Affaires étrangères Patricia Espinosa aux négociateurs de la conférence qui s'achèvera le 10 décembre.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Un visiteur devant un compteur comptabilisant les gaz à effet de serre dans l'atmosphère. (AFP. C.Bouroncle)

Les dissensions entre pays riches et émergents sur l'avenir du protocole de Kyoto ont terni samedi les discussions sur la lutte contre le réchauffement climatique.

"Je vous exhorte à rechercher un compromis!", a lancé la ministre mexicaine des Affaires étrangères Patricia Espinosa aux négociateurs de la conférence qui s'achèvera le 10 décembre.

Le contexte
Un an après l'échec de la conférence de Copenhague, 189 pays sont en en quête d'un plan de mesures destinées à freiner les changements climatiques.

Les désaccords sur l'opportunité de prolonger le protocole de Kyoto, qui oblige près de 40 pays riches à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% sous leur niveau de 1990, et cela d'ici 2012, ont éclipsé le rapport d'étape à mi-parcours de la conférence de Cancun.

Prolonger Kyoto "est effectivement la pierre angulaire d'un succès à Cancun", a assuré le Yéménite Abdoulla Alsaïdi, qui préside le groupe des pays émergents.

Plusieurs pays, dont la Bolivie, le Venezuela et de petits Etats insulaires, ont critiqué la position des pays riches concernant Kyoto. Les pays émergents relèvent que le protocole de Kyoto impose à ses signataires l'obligation de le proroger au-delà de sa date limite.

Mais les partisans du protocole de Kyoto, notamment le Japon, le Canada et la Russie, souhaitent la conclusion d'un nouveau traité, plus ample, qui fixe aussi aux pays émergents des objectifs contraignants.

Les Nations-Unies en médiateur

Les Nations unies ont fait circuler un texte de 33 pages pour sortir de l'impassemais les Etats-Unis et certains pays en développement ont attaqué ce projet.

Ce texte de 33 pages, qui expose les possibilités d'accord, souligne les profonds désaccords entre pays riches et pays pauvres concernant les réductions futures des émissions de gaz à effet de serre ainsi que sur l'aide à accorder aux pays pauvres pour qu'ils s'adaptent aux changements climatiques. Ce texte définit des objectifs, notamment la création d'un nouveau fonds d'aide aux pays émergents et les moyens de protéger les forêts tropicales et de partager les technologies "vertes" - peu polluantes.

Certains pays émergents ont estimé que ce texte, qui reprend l'objectif non contraignant, arrêté à la conférence de Copenhague, de contenir la hausse mondiale des températures en dessous de deux degrés par rapport à leur niveau d'avant l'ère industrielle, n'assignait pas d'objectifs assez ambitieux aux pays riches.

La ministre mexicaine des Affaires étrangères Patricia Espinosa a indiqué qu'elle allait rendre compte dimanche à une soixantaine de ministres de l'Environnement de l'état d'avancement des négociations. Ces ministres, venus du monde entier pour la seconde semaine de débats, devaient être accueillis samedi soir lors d'un dîner donné en leur honneur.

Les principaux dossiers sur la table des négociations

PROTOCOLE DE KYOTO
Il est devenu la pomme de discorde des négociations. Les pays en développement insistent pour que les pays riches signent une seconde période d'engagement du Protocole, la première s'achevant fin 2012. Ils insistent pour garder le seul instrument légal qui impose des contraintes chiffrées en matière d'émissions de GES aux pays industrialisés (sauf les USA qui ne l'ont pas ratifié). Le Japon s'est déclaré opposé à une seconde période dès l'ouverture de la conférence. Le Canada et la Russie y sont réticents. L'UE se dit, elle, prête à "envisager" une telle option, sous certaines conditions.

REDUCTION DES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE (GES) LIEES A LA DEFORESTATION (12 à 20% du total)
Cancun pourrait rendre opérationnel le mécanisme REDD qui consiste à verser des compensations financières aux pays qui réduisent la déforestation ou la dégradation de leurs forêts. Un accord-cadre était quasiment prêt à Copenhague. Quelques points délicats restent sur la table des négociations, comme celui d'une mention explicite du marché du carbone comme outil de financement.

LE FONDS VERT
A Copenhague, les pays industrialisés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour les pays plus pauvres. Une "partie significative" de ces sommes devrait transiter par ce nouveau Fonds climat. Les pays du sud veulent qu'il soit le plus possible rattaché à l'Onu, pour y être équitablement représentés. Les Etats-Unis veulent lui donner plus d'indépendance, voire le lier à la Banque mondiale. Mais où trouver ces 100 milliards ? Le groupe consultatif de l'ONU préconise des "financements alternatifs", comme des taxes sur les transports et les transactions financières.

ANCRER LES ENGAGEMENTS SUR LES REDUCTIONS D'EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE...
Conformément à l'accord de Copenhague, pays industrialisés et en développement ont soumis début 2010 à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) leurs objectifs (pour les premiers), et actions (les seconds) pour 2020 en termes d'émissions de GES. Ces promesses n'ont pas de caractère contraignant: il devrait être question à Cancun de trouver une formule juridique pour les "ancrer" un peu plus sur les réductions d'émissions de GES. Elles restent trop faibles pour atteindre l'objectif de limiter à 2° la hausse de la température moyenne du globe.

... ET LES VERIFIER
Le contrôle des efforts réalisés pour réduire les émissions de GES est l'un des sujets épineux des négociations. La Chine, premier émetteur mondial, est réticente à un regard extérieur sur ses plans climats, un point sur lequel insiste l'autre grand pollueur, les Etats-Unis. L'accord de Copenhague prévoit que les actions menées par les pays en développement soient soumises à des "consultations et analyses internationales (ICA)". Cancun pourrait en préciser les modalités.

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