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Turquie : le procès des journalistes du quotidien Cumhuriyet s’ouvre à Istanbul

Alors que la Turquie fête le "Jour national de la presse", le procès de 17 salariés du quotidien turc d'opposition Cumhuriyet poursuivis pour soutien présumé à une organisation terroriste s'est ouvert lundi devant un tribunal d'Istanbul.

Article rédigé par franceinfo, Alexandre Billette
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Une large campagne de mobilisation internationale a été lancée pour la défense de ces journalistes (ici, une manifestation de soutien à Istanbul lundi 24 juillet) (OZAN KOSE / AFP)

L’histoire a ses ironies : alors que la Turquie célèbre ce lundi 24 juillet le "Jour national de la presse", comme tous les ans depuis un siècle, s’ouvre à Istanbul le procès de 17 salariés du quotidien turc d'opposition Cumhuriyet poursuivis pour soutien présumé à une organisation terroriste.

Accusés de soutenir trois organisations terroristes

Le journaliste et ancien rédacteur en chef du journal Can Dündar, réfugié en Allemagne, en fait partie. Tous sont accusés d’avoir soutenu des groupes terroristes par leurs écrits ou par des échanges publiés sur les réseaux sociaux. Une large campagne de mobilisation internationale a été lancée pour la défense de ces journalistes. Pour les opposants à Recep Tayyip Erdogan, ce procès vise à faire taire l’un des rares titres encore critique à l'égard du président turc. Pour ce procès dix-neuf personnes sont accusées notamment de soutenir trois organisations terroristes : le PKK, les putschistes de Fethullah Gülen, et un mouvement d’extrême-gauche. Pour la journaliste de

Cumhuriyet, Mine Kirikkanat, cet acharnement contre le journal a une origine : lorsque le quotidien a publié les caricatures de Mahomet. "Tout a commencé avec la publication de Charlie Hebdo, explique-t-elle. Le gouvernement et les islamistes ne pardonnent pas cela à Cumhuriyet." 

En creux, le procès de l’élite libérale 

Depuis, le journal est dans le viseur des autorités. A tel point que le vieux quotidien, fondé en 1924, pourrait bien ne jamais s’en remettre. "C’est un journal qui est en train de couler, déplore Mine Kirikkanat. Les finances de Cumhuriyet vont très, très mal depuis ces arrestations. Aucune société privée ne donne de publicité à Cumhuriyet maintenant. C’est aussi pour cela que les choses vont mal : les gens ont peur et on ne sait pas combien de temps on pourra résister." Cumhuriyet est un quotidien farouchement laïc, très "intello", plutôt bourgeois : à travers ce procès, c’est toute l’élite libérale, opposée à RTE, qui se sent jugée aujourd’hui.

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