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Turquie: le député de l'opposition, Demirtas, menacé de perdre son immunité

Le Parlement turc va mettre en place une commission pour examiner la possibilité de lever l'immunité parlementaire de deux députés, dont le leader du du principal parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, poursuivis pour «crime constitutionnel» après avoir parlé d'autonomie pour les régions kurdes.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le co-président du HDP, Selahattin Demirlas, au siège de son parti à Istanbul le 7 juin 2015. (Reuters - Murad Sezer)

Selon le quotidien progouvernemental Sabah, du dimanche 3 janvier 2016,, la commission parlementaire de la Justice va parler de la question en sous-commission, avant de proposer la mesure au Parlement.  Il suffirait d'une simple majorité, dans ce Parlement où le parti au pouvoir détient plus de la moitié des sièges, pour retirer leur immunité aux députés Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, autre figure du HDP.

 
Cette information survient au lendemain d'une déclaration du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a exprimé son soutien samedi à la décision d'engager des poursuites criminelles à l'encontre de ces deux leaders kurdes, dont le  premier est également son principal rival politique.
 
Le président a affirmé qu'ils devaient «payer» pour leur remarques en faveur de l'autonomie pour les Kurdes, et avait estimé qu'on devrait leur supprimer leur immunité parlementaire afin de faciliter les poursuites.
 
La justice turque avait ouvert une enquête fin décembre à l'encontre de M. Demirtas, pour avoir réclamé une autonomie, lors d'un congrès réunissant différentes organisations kurdes. La Constitution turque interdit toute division du territoire turc sur des bases ethniques.

De son côté, M. Demirtas a ironisé sur les propos du président Erdogan, estimant que celui-ci «rendait des verdicts comme la Cour suprême», selon  l'agence Dogan. Ce que M.Demitas «a fait constitue une trahison, une provocation très  claire», avait affirmé M.Erdogan.
 
Plusieurs maires de villes kurdes sont actuellement poursuivis pour les  mêmes accusations, et une vingtaine sont en détention provisoire pour cela. La reprise de la guerre entre le pouvoir de M.Erdogan et les Kurdes a marqué la deuxième moitié de l'année 2015. Le président Erdogan s'est vanté d'avoir «éliminé» plus de 3.000 membres du PKK.

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