Quatre moments-clés qui ont fait Recep Tayyip Erdogan
Sur fond de purges en Turquie, le président turc est reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée ce vendredi 5 janvier. Retour sur quatre moments significatifs du chef de l'État turc.
Sa visite est controversée. Recep Tayyip Erdogan, à la tête à la Turquie depuis bientôt 15 ans, est reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée, ce vendredi 5 janvier. Le Président français souhaite discuter de sujets sensibles avec son homologue turc, tels que la Syrie, l’Europe mais aussi la question des droits de l’Homme en Turquie car Emmanuel Macron souhaite « maintenir le dialogue ». Voici comment le Président turc est devenu incontournable.
Son arrivée au pouvoir
Issu d’un milieu populaire, Recep Tayyip Erdogan devient maire d'Istanbul en 1994. Puis, en 2002, il prend la tête du gouvernement turc en devenant Premier ministre. Il est alors le chef du parti islamo-conservateur AKP. Perçu comme un réformateur, il souhaite notamment faire entrer la Turquie dans l’UE.
Il se fait particulièrement remarquer en 2013, lorsqu’il réprime les manifestations de la place Taksim : « Ils sont contre le peuple, parce que la Turquie devient plus grande, plus forte ! » Il est alors surnommé « le Sultan » par ses opposants.
L’année suivante, en 2014, il devient le premier Président turc élu au suffrage universel direct et inaugure le palais présidentiel, le plus grand au monde.
La question kurde
En 2015, le cessez-le-feu est rompu avec le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. Les attentats se multiplient sur le sol turc, certains sont attribués à l’État islamique, d’autres aux Kurdes. Pour Recep Tayyip Erdogan, le PKK « est une organisation terroriste, un ennemi de la Turquie, un ennemi de l’Irak et un ennemi des États-Unis. » Depuis trente ans, le conflit entre la Turquie et les Kurdes a fait plus de 40 000 victimes.
Le coup d’État raté
Dans la nuit du 15 juillet 2016, des militaires putschistes tentent de renverser Recep Tayyip Erdogan… sans succès. Depuis son téléphone, le Président apparaît à la télévision pour lancer un appel au peuple : « Ceux qui ont troublé l'atmosphère vont le payer très cher. » La répression est d’une extrême violence. Le coup d’État avorté a coûté la vie à 161 personnes.
Erdogan a accusé son ancien allié, Fethullah Gülen, d’être à l'origine du putsch. S’en suit alors une purge de la confrérie Gülen dans l’armée, dans l’administration, la justice, l’université et la presse. Depuis le coup d’État raté, 50 000 personnes ont été arrêtées et plus de 140 000 ont été limogées.
Plusieurs ONG accusent le chef de l’État l' de violer les droits de l’Homme et de ne pas respecter la liberté d’expression. Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières, déclarait ce matin devant l’ambassade de Turquie : « Aujourd'hui, les prisons turques sont remplies de journalistes qui n'ont fait que leur travail, qui ont enquêté, qui ont essayé de dévoiler la réalité de ce qui se passe aujourd'hui en Turquie. »
Les pleins pouvoirs
Quelques mois plus tard, le chef de l’État obtient le pouvoir absolu en vertu d’une réforme votée par référendum. Pour le chercheur en sciences politiques Sinan Ulgen, « le parti au pouvoir a perdu sa vision et son programme pro-démocratique et donc les élites libérales ne soutiennent plus l'AKP. » Mais pour David Rigoulet-Roze, rédacteur en chef de la revue "Orients Stratégiques"« La force d’Erdogan quand même, c’est d’avoir un soutien populaire massif. »
Dès 2019, il cumulera les fonctions de chef de l'État, chef des armées, chef du gouvernement et chef du parti.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.