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ProcĂšs contre des journalistes en Turquie : "Il y a une trĂšs forte intimidation" du pouvoir envers la presse

Pour Jean Marcou, spĂ©cialiste de la Turquie et professeur Ă  Sciences Po Grenoble,  la recrudescence de procĂšs visant les journalistes en Turquie est liĂ©e aux diffĂ©rentes Ă©chĂ©ances Ă©lectorales de 2018 : lĂ©gislatives, prĂ©sidentielle et municipales.

Article rédigé par France Info
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 21 décembre 2017. (ADEM ALTAN / AFP)

Nouvelle audience mardi 26 décembre dans le procÚs du représentant de RSF en Turquie, Erol Onderoglu, poursuivi pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, alors que des dizaines de journalistes sont incarcérés dans le pays.

Jean Marcou, spĂ©cialiste de la Turquie, professeur Ă  Sciences Po Grenoble, a estimĂ© sur franceinfo qu'il y avait "une trĂšs forte intimidation" envers la presse par le pouvoir "parce que justement, il y avait une tradition de la presse en Turquie qui Ă©tait assez active et qui demeure en partie. Il s'agit d'empĂȘcher ces journalistes de vouloir continuer Ă  faire leur travail, d'intimider trĂšs largement".

L'accusation de terrorisme recouvre "tout et n'importe quoi"

Les accusĂ©s doivent dĂ©sormais se prĂ©senter Ă  leur procĂšs en "terrorisme" vĂȘtus de l'uniforme orange de prisonnier. Pour Jean Marcou, il y a lĂ  une "volontĂ© de marginaliser, d'humilier tous les gens qui s'opposent. L'accusation de terrorisme Ă©videmment recouvre tout et n'importe quoi", souligne t-il.

Pour ce spĂ©cialiste de la Turquie, la recrudescence de procĂšs visant les journalistes est liĂ©e au contexte politique, et notamment aux diffĂ©rentes Ă©chĂ©ances Ă©lectorales de 2018 : lĂ©gislatives, prĂ©sidentielle, municipales. "Ces Ă©lections pourraient ĂȘtre disputĂ©es, et Ă  l'heure actuelle tous les moyens sont bons pour renforcer le contrĂŽle sur les mĂ©dias, la limitation des libertĂ©s", analyse Jean Marcou.

Un "coup d'Etat civil"

Le prĂ©sident Erdogan a validĂ© plusieurs dĂ©crets qui instaurent, de facto, un Ă©tat d'urgence en Turquie : "C'est un vĂ©ritable coup d'Etat civil, parce qu'il y a un dĂ©cret qui absout les civils qui ont participĂ© au contre-coup d'Etat et qui fait dire aux leaders de l'opposition, mais aussi Ă  l'ancien prĂ©sident [Abdullah GĂŒl] de l'AKP [le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan], qu'il y a un risque de donner aux gens une sorte de permis de lyncher".

Jean Marcou estime que "le risque est celui d'une polarisation extrĂȘme de la sociĂ©tĂ©, parce qu'il y a une opposition qui existe, qui a fait prĂšs de la moitiĂ© des voix lors du dernier rĂ©fĂ©rendum (...) Les prochains mois risquent de raviver des tensions entre ces deux blocs. Le gouvernement joue avec le feu en les laissant se dĂ©velopper", a-t-il conclu.

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