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Turquie : cinquième nuit de contestation, marquée par la mort d'un jeune

Istanbul et Ankara ont connu de nouveaux heurts entre manifestants et forces de l'ordre. Un homme de 22 ans a été tué par balle, dans le Sud.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des heurts ont éclaté entre la police et des manifestants, mardi 4 juin 2013, à Istanbul, en Turquie.  (ARIS MESSINIS / AFP)

Les manifestants ne lâchent rien. Des milliers de personnes ont continué à manifester dans la nuit de lundi 3 à mardi 4 juin sur la place Taksim, dans le centre d'Istanbul, et dans des dizaines de villes en Turquie, pour la cinquième journée d'affilée. Un jeune homme de 22 ans est mort, tué par balle, dans le sud du pays. 

Une nuit émaillée d'incidents

Si de nombreux rassemblements se sont poursuivis dans le calme, la nuit a, dans certains endroits, de nouveau été marquée par de violents heurts entre les forces de l'ordre et les manifestants, comme le montrent ces images. 

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A IstanbulToujours aussi déterminés, des milliers de Stambouliotes sont redescendus, en fin d'après-midi, sur la place Taksim, brandissant des drapeaux turcs et scandant "Tayyip, démission !". Dans la soirée, les policiers ont tiré plusieurs dizaines de grenades de gaz lacrymogène afin de déloger 500 manifestants qui avaient érigé des barricades et allumé des feux dans le quartier de Gümüssuyu (rive européenne). 

A Ankara. Pour la première fois depuis le début du mouvement, les forces de l'ordre ont dispersé des groupes hostiles au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan dans la capitale. Les unités antiémeutes ont tiré des balles en caoutchouc en direction des contestataires, pour la plupart jeunes, qui ont répondu à coups de pierres, rapporte la chaîne de télévision CNN-Türk.

Second mort lié aux manifestations

Un homme de 22 ans est mort lundi à l'hôpital après avoir été blessé par balle pendant une manifestation dans le sud de la Turquie, a annoncé la télévision privée NTV, mardi 4 juin. Il s'agit du deuxième décès en lien avec les importantes manifestations menées depuis vendredi contre le gouvernement du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. La police a lancé une enquête sur les circonstances de la mort, selon la télévision.

"Abdullah Comert a été grièvement blessé (...) par des coups de feu tirés par une personne non identifiée", a indiqué NTV, citant un communiqué du gouvernement local de la province de Hatay, près de la frontière syrienne. Si rien n'accrédite pour le moment la thèse d'un tir provenant des forces de l'ordre ou des manifestants, des militants antigouvernementaux affirment toutefois que le jeune homme a été atteint à la tête par un coup de feu tiré par la police lors d'une manifestation. 

Sa mort intervient quelques heures après l'annonce d'un premier décès depuis le début des manifestations contre le gouvernement. Selon l'Union des médecins turcs, un jeune homme a été tué dimanche soir à Istanbul par une voiture qui a percuté la foule.

Erdogan appelle à l'apaisement, les syndicats à la grève

Depuis le Maroc où il est en visite, le Premier ministre turc a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'idée d'un "printemps turc", assurant même que la situation était en voie d'apaisement. Rien n'est pourtant moins sûr. L'une des plus importantes confédérations syndicales turques a en effet appelé à une grève de deux jours, à partir de mardi, pour dénoncer le recours à la "terreur" par l'Etat contre les contestataires. Un signe d'aggravation du mécontentement populaire. 

Le vice-Premier ministre, Bülent Arinç, qui assure l'intérim en l'absence du chef du gouvernement, doit donner mardi une conférence de presse à 11 heures (heure française) sur ces événements. Il a prôné lundi les vertus du dialogue "plutôt que de tirer du gaz sur des gens".

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