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Erdogan veut anéantir la confrérie Gülen jusque dans les écoles en Afrique
La confrérie fondée par l’imam Fethullah Gülen est dans le viseur du président turc depuis 2013. Mais depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, Recep Tayyip Erdogan veut anéantir le mouvement qui possède de puissants relais à l’étranger. Il essaie ainsi de fermer les nombreuses écoles de l’organisation en Afrique. Avec plus ou moins de succès.
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La confrérie Gülen «ne cherche pas seulement à prendre le pouvoir en Turquie mais essaie d’atteindre l’Afrique», a averti le président Erdogan, cité par l’AFP.
Avec une centaine d’écoles réparties dans environ 40 pays d’Afrique subsaharienne, la confrérie Gülen était bien implantée sur le continent et considérée, jusqu’alors, comme faisant partie des principaux réseaux de la Turquie dans la région.
La détérioration des relations entre le «sultan» et l’imam Gülen en 2013 n’avait pas remis en cause cet état de fait. Mais le putsch manqué du 15 juillet 2016 aura mis fin à cette exception dans la lutte contre la confrérie.
Désormais, l’objectif des autorités turques est de l’anéantir, partout où cela est possible. «Erdogan est tellement en difficulté, d’autant plus depuis la crise syrienne, qu’il est devenu paranoïaque, il n’a plus de rationalité», analyse Baryam Balci, chercheur au Ceri-Sciences Po interrogé par Géopolis.
Pourtant, pour cet universitaire, il faut faire la différence entre les écoles en Turquie et celles à l’étranger. «Contrairement à la Turquie, il n’y a pas de politique d’infiltration des Etats. Ce n’est pas dans leur intérêt. Ce qu’ils veulent, c’est avoir un capital de prestige et de sympathie pour le mouvement.»
«Des élèves privilégiés»
C’est en Asie centrale que le mouvement Gülen a commencé à s’exporter, après la chute du bloc soviétique. Tout de suite, le succès a été au rendez-vous et le modèle, forgé. La communauté a investi massivement dans l’éducation, pour former les futures élites. La présence de la confrérie en Afrique est plus récente et date du début des années 2000. Mais le schéma est repris.
L’accent est mis sur les sciences et l’informatique. Le financement est assuré pour partie par les élèves eux-mêmes (les écoles sont payantes et souvent chères) et par des entrepreneurs turcs affiliés plus ou moins directement à la confrérie. «En Afrique, les écoles ne sont pas religieuses, elles sont séculières. Ils enseignent surtout en anglais, pas en turc ni en français. Et cela attire», décrypte Baryam Balci.
La concurrence peut donc être rude pour entrer dans ces établissements et les élèves accueillis sont de toutes confessions : ils sont les futurs élites de ces pays.
Mais quel est l’intérêt de la confrérie ? Pour Baryam Balci, «les motivations sont essentiellement économiques. Ils veulent développer le business et faire rayonner la culture turque».
Et d’ajouter : «A l’origine, on pouvait comparer ce mouvement à celui des jésuite, c’est-à-dire un mouvement prosélyte. Mais il y a eu un dépassement de la religion pour devenir un mouvement humaniste. Car dans beaucoup de pays, le prosélytisme est un handicap, ils ont donc renoncé, même si dans certains pays, ils gardent relativement cette dimension.»
Les conséquences après le putsch manqué du 15 juillet 2016
Cette guerre entre les deux anciens alliés risque bien d’être dommageable pour la confrérie en Afrique. La Turquie a demandé à nombre de pays africains la fermeture des écoles gülénistes.
Le Nigeria, par exemple, s’est vu requérir par Ankara de clore 17 établissements scolaires appartenant au mouvement au motif de la «sécurité nationale de la Turquie».
Abuja a décliné arguant qu’il est un «Etat souverain». Dans le pays, le coût de ces écoles pour les élèves est de 10.000 euros par an et s’adressent aux très riches. «Les gens ne peuvent voir aucun lien entre ces écoles et la tentative de putsch en Turquie, c’est absurde», regrette Cemal Yigit, fondateur du Nigerian Turkish International Colleges (NTIC), appartenant au mouvement de Gülen, et interrogé par l’AFP.
Mais tous les Etats ne peuvent s’autoriser à dire non à la Turquie. C’est le cas de la Somalie. A Mogadiscio, dès le lendemain de la tentative de coup d’Etat, deux écoles de la Nile Academy, appartenant au mouvement de Gülen, ont été fermées. Le pays en guerre civile depuis plus de 20 ans bénéficie de l’aide turque, sous forme diplomatique, militaire et d’aide au développement.
«Pendant longtemps, les autorités turques et le mouvement Gülen ont travaillé ensemble», relève Baryam Balci. «Mais maintenant, la situation ne fait que nuire au soft power de la Turquie. C’est une perte considérable. A l’avenir, il y aura une perte de prestige de ces écoles. Et au final, ce sont les deux qui sont perdants, mais surtout la Turquie.»
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