Turquie : échauffourées à Istanbul, Erdogan parle de "complot"
"Gouvernement démission ", ont crié vendredi des
centaines de personnes dans les rues d'Istanbul et d'une quinzaine d'autres
villes de Turquie. "Toutes ces affaires de corruption, c'est de l'argent
qui sort de notre poche. Cela fait 10 ans qu'ils font ce qu'ils veulent. On
veut qu'Erdogan s'en aille ", lance dans le cortège Semra, une publicitaire
de 42 ans.
Au troisième jour de ces manifestations antigouvernementales, des
échauffourées ont duré plusieurs heures à Istanbul. Des rassemblements qui font ressurgir le spectre de la fronde antigouvernementale de juin dernier. Place Taksim, les forces de l'ordre ont lancé des grenades lacrymogènes et des canons à eau, aux cris de "gouvernement démission " et "la corruption est partout ". Certains manifestants ont riposté en visant la police avec des feux d'artifices. Deux manifestants ont été blessés et une trentaine de personnes ont été interpellées, d'après le barreau stambouliote.
C'est la plus grave crise que doit affronter le Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Depuis la
mi-décembre, son gouvernement est confronté à un vaste scandale de corruption
aboutissant à l'arrestation de dizaines de personnes. Parmi elles, les fils de
trois ministres et du directeur de la banque Halkbank dépendant des pouvoirs
publics. Un scandale qui a donné lieu mercredi à un remaniement ministériel
sans précédent.
Dans le même temps, plusieurs responsables de la police ont
été limogés et le 21 décembre, le gouvernement a pris une disposition obligeant
les enquêteurs à informer leurs supérieurs de l'état de leur enquête sur cette
affaire. Une disposition rejetée ce vendredi par le Conseil d'État. Une claque
infligée au gouvernement Erdogan, suspecté d'avoir voulu contrôler le travail de la police avec cette dispotision.
Les procureurs ont "stigmatisé mon gouvernement "
Recep Tayyip Erdogan était en visite à Istanbul vendredi. Entouré de milliers de partisans, il a accusé les procureurs d'avoir voulu "stigmatisé" sans preuves son gouvernement. Il a également évoqué "un complot".
Dans le viseur du Premier ministre : le mouvement du prédicateur musulman Fethullah Gülen. Réputé très influent dans la police et la magistrature, ce mouvement est entré en guerre contre le gouvernement qui veut supprimer les écoles privées de soutien scolaire, sa principale source de financement. "Les récents développements sont une conséquence de l'affaire des écoles privées ", a lancé le Premier ministre Erdogan.
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