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Tunisie : la victime de viol accusée d'"atteinte à la pudeur" a été entendue

La Tunisienne de 27 ans, violée par des policiers puis accusée d'"atteinte à la pudeur" par ses violeurs présumés, a été entendue par un juge d'instruction mardi à Tunis. Des avocats de la jeune femme sont "optimistes" quant à l'abandon des poursuites, alors que l'affaire soulève un vent de protestations dans la société civile.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Zoubeir Souissi Reuters)

La décision du juge tunisien est attendue dans le monde entier, l'affaire suscitant un tollé depuis une semaine. Mardi, une Tunisienne violée par des policiers a été interrogée par un juge d'instruction de Tunis, après que ses violeurs présumés l'aient attaquée pour "atteinte à la pudeur". La jeune femme de 27 ans et son compagnon avaient été surpris dans une "position immorale", selon les policiers.

Mardi, à l'issue d'un interrogatoire de deux heures, la femme et son compagnon sont repartis du tribunal sans s'exprimer. "Le monde entier me soutient. Je demande votre soutien ", avait juste déclaré la jeune femme à l'AFP à son arrivée, le visage caché afin de rester anonyme.

Des avocats "optimistes"

Le juge d'instruction doit maintenant décider s'il classe l'affaire ou s'il la transfère devant le tribunal compétent. La décision est attendue dans les heures ou les jours qui viennent. Pour "atteinte à la pudeur", la jeune femme et son fiancé risquent six
mois de prison.

Mardi des avocats de la victime se voulaient "optimistes " quant à
l'abandon des poursuites. "Ce serait déraisonnable de maintenir un telle accusation. J'ai confiance en l'équité de la justice ", a indiqué Maître Emna Zahrouni. "J'ai dit au juge qu'il avait une responsabilité historique. Le monde entier, les médias, les jeunes de Tunisie attendent sa décision qui sera décisive pour l'instauration de l'Etat de droit ", a déclaré de son côté Maître Monia Bousselmi.

Une affaire "qui fait honte à la Tunisie"

La présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates, Ahlem Belhadj, qui représente aussi les intérêts de la victime, indique que la jeune femme est dans un état psychologique "très fragile ", mais reste décidée à se battre. "C'est une femme, une victime qui porte une cause ", a-t-elle dit. "C'est une affaire qui fait honte à la Tunisie ", a-t-elle ajouté.

Les nombreuses manifestations de soutien ont renforcé la détermination de la jeune femme à "aller jusqu'au bout pour obtenir justice " malgré "les pressions " dont elle fait l'objet "de la part d'inconnus " pour retirer sa plainte, selon l'avocate Emna Zahrouni.

Mardi matin encore, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant le tribunal de Tunis, pour soutenir la victime. Le Premier ministre tunisien a également condamné le viol mardi : "Ce geste des policiers est impardonnable, il n'y a aucune justification à cet acte barbare qui va à l'encontre de toutes nos valeurs morales ", a indiqué Hamadi Jebali.

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