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Tunisie: journée de grève et de manifestations après l'assassinat d'un opposant

Plusieurs villes tunisiennes ont connu une journée agitée ce jeudi, après l'assassinat de Mohamed Brahmi, figure de l'opposition au pouvoir des islamistes d'Ennahda. Sa famille et ses proches accusent le parti d'être à la manœuvre. Des manifestations ont été dispersées par la police dans la soirée. La principale centrale syndicale, l'UGTT, appelle à la grève générale ce vendredi. Tous les vols à destination et en provenance de Tunisie sont d'ores et déjà annulés.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Zoubeir Souissi Reuters)

Entre crise politique et crise de nerfs, la Tunisie semble une nouvelle fois au bord du chaos. Cette fois, six mois après l'assassinat de Chokri Belaïd, c'est la mort d'une autre figure de l'opposition de gauche qui a mis le feu aux poudres.

Mohamed Brahmi, 58 ans, coordinateur général du Mouvement populaire, a été abattu par des inconnus devant sa résidence près de Tunis jeudi matin. Onze balles ont été tirées, à bout portant. Bien connu pour son opposition au parti islamiste au pouvoir Ennahda, Brahmi était député à l'Assemblée nationale constituante. Sa fille et ses proches se sont succédé toute la journée, la douleur chevillée au corps, pour dénoncer un assassinat politique, mené par Ennahda. La même accusation qu'au lendemain de la mort de Chokri Belaïd.

La rue s'embrase

La journée de jeudi s'est déroulée au rythme des manifestations. D'abord l'après-midi, sous les slogans "Ghannouchi (le chef d'Ennahda) assassin ", ou encore "Ennahda doit tomber aujourd'hui ".

Le Premier ministre Ali Larrayedh a pris la parole, appelant les Tunisiens au calme. Ce qui n'a pas empêché deux locaux provinciaux de son parti Ennahda de partir en fumée.

Après la rupture du jeûne du Ramadan, en début de soirée, les choses sont allées un peu plus loin. À Tunis notamment, des milliers de personnes se sont données rendez-vous sur la grande avenue Bourguiba. Chassées par les matraques et les gaz lacrymogènes des policiers, ils se sont ensuite rassemblés devant le ministère de l'Intérieur, et en plusieurs points de la capitale.

Des scènes similaires ont eu lieu ailleurs dans le pays, comme à Sfax ou Sidi Bouzid.

Grève générale

Après la journée de jeudi, ce vendredi peut marquer une nouvelle étape dans la contestation qui secoue la Tunisie.

Le tout-puissant syndicat UGTT, déjà au centre des événements qui ont précédé le renversement de Ben Ali en 2011, appelle à la grève générale. Le pays devrait se retrouver paralysé. L'aviation civile a d'ores et déjà annulé tous les vols en provenance et à destination de la Tunisie, faute d'employés. La session plénière de l'Assemblée nationale constituante a été annulée, l'opposition suspendant ses travaux.

Cet assassinat semble être celui de trop pour une partie de la population tunisienne, qui a de plus en plus l'impression de s'être fait "voler" sa révolution.

> Revivez la journée sous tension vécue en Tunisie ce jeudi

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