Tunisie : flambée de violence et appel à la grève générale
Tout un symbole... La foule a tenté de prendre d'assaut, à la mi-journée, le siège de la police de Sidi Bouzid ; la police a répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. C'est de Sidi Bouzid que la révolte était partie, après l'immolation par le feu d'un vendeur ambulant, en décembre 2010. Ils étaient 200 devant la police ; 2.000 autres ont manifesté dans le calme.
A Tunis, la foule a convergé vers le ministère de l'Intérieur - à la mi-journée, ils étaient 4.000 -, à tel point que les forces de sécurité ont dû boucler le quartier. Avant de faire aussi usage de gaz lacrymogènes, qui ont vidé la place en quelques minutes.
Un peu plus tard, des manifestants ont tenté d'ériger des barricades sur l'avenue Bourguiba, sans succès : la police a chargé.
Devant l'hôpital du quartier Ennasr de Tunis, où la dépouille de Belaïd se trouvait, des centaines de personnes se sont également rassemblées. Manifestement très remontées, elles criaient :
"Le peuple veut une nouvelle révolution !"
La colère s'est propagée comme une traînée de poudre, dès que le peuple a appris l'assassinat de l'un des principaux opposants au pouvoir islamiste.
Chokri Belaïd a été tué en sortant de chez lui, ce mercredi matin, abattu de trois balles tirées à bout portant. Le tireur, habillé d'un burnous, ce manteau traditionnel avec une capuche pointue, a pris la fuite sur la moto d'un complice, selon les explications données par le ministre de l'Intérieur.
Chokri Belaïd, c'était le secrétaire général du parti des Patriotes démocrates, qui avait rejoint la coalition de gauche dite du "Front populaire" - qui se pose en alternative au pouvoir en place.
Le Premier ministre Hamadi Jebali a très clairement condamné cet acte. Sans pour autant dissiper le malaise...
"C'est un acte criminel, un acte de terrorisme pas seulement contre Belaïd mais contre toute la Tunisie" (Hamadi Jebali)
Car, une fois la stupeur passée, le frère du défunt, Abdelmajid, a été on ne peut plus clair sur les responsabilités : "j'accuse Rached Ghannouchi d'avoir fait assassiner mon frère". Ghannouchi est le chef d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir.**
La colère des manifestations était clairement dirigée contre Ennahda. Les locaux du parti ont été saccagés, voire incendiés, dans plusieurs villes du pays - à Mezzouna près de Sidi Bouzid, à Gafsa dans le centre.
Grève générale en vue
Quant à Hamma Hammami, le chef du Front populaire, il a accusé "des partis politiques qui veulent enfoncer le pays dans l'anarchie. Le gouvernement et le pouvoir assument la responsabilité de ce crime odieux, car les menaces contre Chokri et d'autres ne datent pas d'aujourd'hui."
L'opposition, très remontée, appelle d'ores et déjà à la grève générale pour demain, jeudi - pour les obsèques de Chokri Belaïd. Elle annonce aussi avoir suspendu sa participation à l'Assemblée constituante.
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