Trois hommes se sont immolés par le feu depuis lundi en Egypte, chacun ayant survécu à ses blessures
Ces cas rappellent celui du jeune Tunisien dont le geste désespéré et fatal, mi-décembre, a abouti à la révolte populaire et à la chute du régime de Ben Ali.
Mardi, deux hommes ont tenté de mettre fin à leurs jours, l'un au Caire, l'autre à Alexandrie. Ils ont été secourus à temps. Une autre tentative a eu lieu lundi dans la capitale égyptienne.
Un avocat d'une quarantaine d'années a d'abord tenté de mettre fin à ses jours mardi matin en s'immolant par le feu mardi devant le siège du Conseil des ministres au Caire, a-t-on appris auprès des services de sécurité. L'homme est légèrement blessé et a été hospitalisé, selon une source au sein de ces services, sans autre précision.
Un peu plus tard, on apprenait qu'un autre homme avait tenté de d'immoler par le feu à Alexandrie. Il s'agit d'un chômeur de 25 ans, déficient mental, selon une source au sein des services de sécurité. Il souffre de brûlures au troisième degré.
Lundi, un homme s'est immolé par le feu devant l'Assemblée du peuple au Caire. Il s'est arrosé d'essence avant d'y mettre le feu. La police a éteint les flammes et il a été emmené à l'hôpital.
C'est l'immolation par le feu d'un jeune homme, en Tunisie, qui a déclenché la révolte en Tunisie. Certains craignent un risque de contagion au reste du monde arabe. Selon l'agence officielle Mena, l'homme qui s'est immolé par le feu lundi au Caire, Abdo Abdelmoneim, est un restaurateur de Quantara, une ville proche d'Ismailiya. Il aurait commis ce geste parce qu'"il n'avait pas reçu de coupons pour acheter du pain pour son restaurant", selon Mena.
En Egypte, la population se plaint des mêmes difficultés que les Tunisiens, et le président Hosni Moubarak fait régulièrement l'objet de critiques. Le chef de la diplomatie Ahmed Aboul Gheit a appelé dimanche l'Occident à ne "pas s'immiscer" dans les affaires arabes.
La chute du président tunisien Ben Ali a été fêtée vendredi soir par des dizaines d'Egyptiens, qui se sont retrouvés devant l'ambassade de Tunisie pour crier: "Ecoutez les Tunisiens, c'est votre tour, les Egyptiens."
Le 17 décembre, un vendeur ambulant tunisien de 26 ans, Mohammed Bouazizi, s'était immolé par le feu pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Cela avait déclenché les émeutes qui ont débouché sur la fuite du président Ben Ali vendredi.
Immolations par le feu en Algérie
En Algérie, un homme qui s'était immolé samedi par le feu a succombé à ses brûlures dimanche à Annaba, a indiqué à l'AFP un membre de sa famille. Il faisait partie d'un groupe de jeunes qui s'étaient rassemblés devant la mairie de la ville minière de Boukhadra pour réclamer des emplois et des logements. La victime, père d'une fillette, entendait, par ce geste désespéré, "dénoncer l'attitude de mépris affichée à son égard par les élus de cette commune". Trois autres Algériens ont tenté de mettre fin à leurs jours de cette façon depuis le 12 janvier.
Des émeutes ont eu lieu pendant plusieurs jours début janvier en Algérie, contre une brusque hausse de prix des produits de première nécessité.
Manifestations en Jordanie et au Yémen
A Amman, près de 3000 syndicalistes, islamistes et militants de gauche ont participé dimanche à un sit-in devant le Parlement pour protester contre l'inflation et la politique économique du gouvernement. Un syndicaliste, Abdel Hadi al-Falahat, a expliqué que les manifestants "exige(aient) la chute du gouvernement et une redistribution des fortunes dans le pays".
Vendredi, des milliers de personnes avaient manifesté dans plusieurs villes de Jordanie pour dénoncer l'inflation et le chômage et pour réclamer la chute du gouvernement. Celui-ci avait pourtant tenté de faire baisser la tension en débloquant mardi dernier 120 millions de dinars (169 millions de dollars) pour faire baisser les prix et créer des emplois.
Au Yémen, un millier d'étudiants ont manifesté dimanche à Sanaa, appelant les peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants et scandant: "Tunis de la liberté, Sanaa te salue mille fois."
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