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Trésor de Munich : Cornelius Gurlitt veut récupérer ses tableaux

Cornelius Gurlitt, l'homme qui détenait un trésor de 1.406 chefs-d'oeuvre retrouvés dans un appartement de Munich, est sorti de son silence pour affirmer que son père n'a rien extorqué aux Juifs sous le régime nazi. Il réclame que les tableaux lui soient restitués.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Der Spiegel)

C'est un nouvel épisode dans cette affaire dite du "trésor nazi" ou du "trésor de Munich". Silencieux depuis que la presse allemande a dévoilé il y a deux semaines la découverte de ces 1.406 chefs-d'oeuvre, le collectionneur Cornelius Gurlitt s'est exprimé pour la première fois dans une interview accordée au magazine Der Spiegel.

L'octogénaire y raconte avoir aidé son père, un marchand d'art qui a travaillé pour Adolf Hitler, à emporter les tableaux loin de Dresde écrasée sous les bombes à la fin de la Seconde guerre mondiale. Elles ont ensuite été cachées dans une ferme des environs de cette ville puis dans un château du sud de l'Allemagne, a-t-il raconté, estimant que son père "a vécu et s'est battu pour l'art " et que "le procureur doit rétablir sa réputation ".

Le vieil homme ne veut rien restituer

Dans l'article intitulé "Conversation avec un fantôme ", il décrit le fabuleux trésor comme "l'amour de sa vie ", et dit que s'en séparer a été "plus douloureux " que la perte de son père, Hildebrand, de sa mère et de sa soeur. "Je n'ai rien aimé autant que mes tableaux pendant toute ma vie (...) mais heureusement tout cela sera bientôt mis au clair et je pourrai les récupérer. "

Le vieil homme assure qu'il n'a aucune intention de restituer certains des tableaux aux survivants de la barbarie nazie ou à leurs héritiers dans la mesure où, selon lui, il en a hérité légalement et ne s'est résolu à en vendre quelques uns que lorsqu'il avait besoin d'argent pour vivre ou se soigner, ne touchant pas de pension de retraite. "Je ne restitue rien de mon propre gré ", assène-t-il.

Le statut légal des tableaux retrouvés chez Cornelius Gurlitt est effectivement des plus incertains. Les avocats des héritiers des collectionneurs juifs reconnaissent eux-mêmes que le vieil homme pourrait être autorisé à en conserver une partie.

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Cornelius Gurlitt a été intercepté par des douaniers alors qu'il franchissait la frontière suisse avec une grosse somme d'argent liquide, en 2010, ce qui a conduit à la perquisition dans son appartement de Munich au début de l'année dernière.

Ses tableaux ont été saisis. On pensait certains détruits depuis la guerre, d'autres étaient encore inconnus. La valeur totale de la collection comprenant notamment des Picasso, des Matisse ou des Chagall, a été estimée à un milliard d'euros.

Depuis que l'affaire a été rendue publique au début du mois, le gouvernement allemand est sous le feu des critiques pour avoir gardé le secret pendant près de deux ans. Il a réagi en lançant un site internet (www.lostart.de) pour aider les experts qui tentent de retrouver des oeuvres d'art volées par les nazis, ou achetées sous la contrainte, avant et pendant l'Holocauste.

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