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Le Kurdistan syrien oppose la Turquie aux Américains

Alors que la lutte contre Daech s’intensifie et que la fin du groupe terroriste semble approcher, Ankara s’inquiète du rapprochement entre Américains et Kurdes. La Turquie plus que jamais craint la création d’un territoire kurde au nord de la Syrie. A ses yeux, ce serait un refuge pour les indépendantistes kurdes de Turquie.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min

Le nord de la Syrie, en partie territoire kurde, est au cœur des combats. C’est une mosaïque compliquée où forces syriennes, kurdes, turques et maintenant américaines combattent.
La Turquie s’est emparée d’une bande de terre syrienne sur sa frontière Sud, lorsqu’elle a lancé l’opération Bouclier de l’Euphrate en août 2016. Il s’agissait de prévenir la création d’un territoire kurde continu qui, pour Ankara, constituerait une menace.
 
Groupe terroriste
Les groupes kurdes de Syrie regroupés dans le YPG sont considérés comme des terroristes par Ankara, qui y voit une prolongation du PKK, en lutte pour l’indépendance sur le sol turc. Le Premier ministre turc Binali Yildirim s’en est ému, regrettant que des alliés de la Turquie (les Etats-Unis) aient choisi l’YPG comme partenaire dans le combat contre Daech en Syrie.
 
Désormais, Ankara espère persuader Washington d’abandonner ses alliés kurdes au profit de l’armée syrienne libre pour l’assaut final sur Raqqa. La Turquie voudrait aussi faire partie de l’assaut final. Très certainement pour contrôler les aspirations territoriales des Kurdes.
 
L’Armée US s’interpose à Manbij
La tension est montée d’un cran autour de Manbij, une cité contrôlée par les combattants kurdes et leurs alliés, depuis qu’ils l’ont reprise à Daech en 2016. Ankara a clairement annoncé que la ville serait son prochain objectif. Toujours dans cette perspective d’empêcher la création d’un territoire kurde réunifié.
 
 Aussi, les Américains y ont ostensiblement déployé 400 marines et rangers, et des véhicules blindés. Ces soldats s’ajoutent aux 500 déjà présents en Syrie. Il s’agit de «rassurer» Turcs et Forces démocratiques syriennes. En clair, de faire tampon.
 
«Nous adressons un message à toutes les forces présentes sur ce secteur, de rester concentrées sur le combat contre Daech et de ne pas s’orienter vers d’autres objectifs», a déclaré Marc Toner le porte-parole du Département d’Etat américain dans un message à Ankara.

Selon Nawaf Xelil, un expert kurde cité par l’agence ARA News, «Américains et Russes ne laisseront pas la Turquie attaquer les Forces démocratiques syriennes, car toutes les composantes y sont représentées, Syriens, Arabes et Kurdes.»
 
Les Marines américains, équipés de pièces d'artillerie de 155 mm, contribueront à «hâter la défaite de l'EI», a indiqué le colonel John Dorrian, le porte-parole de la coalition, en précisant que les soldats américains ne seraient pas déployés en première ligne.

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