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La tragédie des migrants pousse Vladimir Poutine à évoquer sa stratégie en Syrie
La tournure tragique de la crise des migrants et son impact négatif sur l’opinion internationale a poussé Vladimir Poutine à dévoiler un peu plus de stratégie en Syrie. Attribuant à la politique des Occidentaux l’afflux exceptionnel de réfugiés, il n’exclut pas un engagement russe plus important dans la lutte contre Daech et annonce lui-même que Bachar al-Assad est prêt à des élections anticipées.
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Face à l’électrochoc des consciences provoqué par l’image de l’enfant syrien rejeté par les vagues sur littoral turc, le président russe ne pouvait rester silencieux.
La politique «erronée» des Occidentaux selon Poutine
En marge du Forum économique oriental qui se tient à Vladivostok, il a accusé la politique «erronée» de ses «soi-disant partenaires» au Proche-Orient d’être à l’origine de l’afflux exceptionnel de réfugiés et migrants dans l’Union européenne.
Vladimir Poutine précise qu’il avait déjà prévenu que cette politique, consistant à «imposer des standards sans tenir compte des particularités historiques, religieuses nationales et culturelles de ces régions», aboutirait à des problèmes de grande ampleur.
Conscient toutefois que l’aggravation de la situation pouvait entraîner de nouvelles dispositions de l’UE, il a reconnu indirectement envisager un engagement supplémentaire de la Russie contre l’EI. «Il est prématuré de dire que nous sommes prêts à y aller là, tout de suite», a-t-il prévenu, tout en rappelant: «Nous fournissons déjà à la Syrie une aide assez sérieuse en équipement militaire, en formation de leurs troupes que nous armons.»
Des militaires russes stationnés dans une base aérienne près de Damas
Une manière d’infirmer et de confirmer à la fois des informations de sources diplomatiques occidentales faisant état de l’arrivée d’une délégation de militaires russes en Syrie stationnés dans une base aérienne du régime près de Damas. Dans l’attente de leur renforcement par des pilotes, conseillers, instructeurs et autres responsables de logistiques dans les prochaines semaines.
Un dispositif décidé lors de réunions entre la Russie et l’Iran pour défendre le régime de Bachar al-Assad contre la menace de l’Etat islamique. Le général iranien Qassem Suleimani, chef de la force spécial al-Qods des Gardiens de la révolution, se serait même rendu à Moscou pour cela, en violation d’une interdiction de voyager des Nations Unies, selon Washington.
Poutine annonce l'accord d'Assad pour des élections anticipées
Concernant la crise syrienne proprement dite, le président russe a estimé qu’en parallèle à la lutte contre le terrorisme, il fallait promouvoir le processus politique dans le pays.
Il a pris l’initiative d’annoncer avant Bachar al-Assad que «le président Syrien lui-même était d’accord avec l’organisation d’élections législatives anticipées, avec l’idée de parler à l’opposition dite tolérée et l’amener à ce processus».
Indéfectible soutien du régime syrien, Moscou a multiplié ces dernières semaines les contacts avec les opposants tant ceux «tolérés» par le régime que ceux, honnis, en exil, dans le but de les amener à parler d’une même voix au pouvoir à Damas.
Les précédentes tentatives de dialogue inter-oppositions ainsi que les dernières élections législatives du 7 mai 2012 s’étaient soldées par un échec retentissant.
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